Le 31 août 2015, l’ESTACA (École Supérieure des Techniques Aéronautiques et de Construction Automobile), ou tout du moins son échelon parisien puisqu’une sœur jumelle est installée à Laval, a quitté son implantation de Levallois-Perret pour gagner le campus de Paris-Saclay. C’était l’occasion de sortir une luxueuse plaquette de présentation, pour fêter les 90 ans de cette vieille dame.
Tout le début de l’ouvrage est en fait une rétrospective historique des grandes évolutions techniques du transport (aéronautique, automobile, ferroviaire et spatial) depuis 1925, qui sert de toile de fond à quelques petits encarts sur l’histoire de l’école. Puis, vers la fin du livre, ce sont plutôt les évolutions présentes et futures du métier d’ingénieur qui sont mises en exergue, avec la place désormais substantielle que tiennent les diplômés « estaciens ».
Il faut dire que ce développement est important, que ce soit d’un point de vue quantitatif, en partant de quelques poignées hétéroclites d’étudiants jusqu’aux années 50, pour arriver désormais à des promotions se chiffrant par centaines de diplômés, mais aussi qualitatif en évoluant d’une école technique (ETACA) à une école supérieure par standardisation du cursus en 1978, et en passant également du certificat d’aptitude aux fonctions d’ingénieur des années trente à un véritable titre reconnu en 1990 par la commission nationale qui les homologue en France. Cela l’a été aussi en développant, au cours des années 90, deux nouvelles options, ferroviaire et spatiale, au côté de ses deux cœurs de métiers traditionnels, aéronautique et automobile.
L’ESTACA est née d’une initiative individuelle, et elle reste une des rares écoles privées dans son domaine. La plaquette nous parle toutefois de l’évolution de son statut, géré familialement au début, puis repris dans les années 60 par l’association de ses anciens élèves, pour évoluer désormais d’une PMI à une entreprise plus importante. C’est une histoire avec des hauts et des bas, et, sans cacher les bas (transition conflictuelle de la propriété dans les années 60, navigation hésitante un peu plus tard, valse des directeurs dans les années 90-2000…) la plaquette s’applique à nous montrer quels seront les hauts du futur, et vers quelles pages l’ESTACA souhaite orienter son avenir.
Tout cela est donc bien beau, couverture épaisse et papier glacé, richement illustré d’images et de publicités d’époque pour ce qui est de l’évolution des techniques, mais aussi de photos des bâtiments de l’école et de quelques promotions, puis très complet en illustrations actuelles.
Sont insérés également des témoignages d’acteurs de ces 90 ans d’existence, anciens élèves, directeurs, professeurs ou administratifs, et de courts portraits d’Estaciens aux riches parcours sont mis en valeur. Pour l’aéronautique, nous signalerons Bernard Dupérier (pilote FAFL), Jacques Tiziou (devenu journaliste), Gérard Feltzer (pilote de ligne, entre autres…), Thierry Casale (EADS). Mais aussi Gérard Pierron et Michel Langevin, de chez Dassault, car comme on nous l’indique, 10% des cadres-ingénieurs de chez Dassault sortent de cette école. Voilà de quoi faire taire les mauvaises langues qui considéraient il y a trente ans cette école comme un refuge de fils à papa ayant échoué à des écoles plus cotées. Il n’y a qu’à considérer aussi sa récente intégration dans le groupe ISAE aux côtés de Sup’Aéro, de l’ENSMA de Poitiers et de l’École de l’Air pour réaliser que les temps ont changé.
Deux broutilles à regretter, une petite inversion ETACA/ESTACA en page 12, précisément quand il s’agit de nous expliciter le sigle, et un surprenant titre « Premier vol du Concorde (1976) » , page 62, heureusement compensé par le texte qui suit, et qui précise qu’il s’agit plutôt de sa mise en service.
Tout cela donne une plaquette de prestige qui intéressera forcément tous les anciens élèves, ainsi que toute personne ou entreprise qui a des liens avec cette école ou avec ses anciens élèves, ou qui voudrait en « ESTA-blir »…
Jean-Noël Violette
128 pages, 22 x 27 cm, couverture souple
0,822 kg