Voilà Noël et son cortège de cadeaux passé et vous faites partie des déçus, ceux qui à l’instar du rédacteur de ces lignes, à peine remis des agapes traditionnelles à coup de vin à bulles qu’on élabore du côté de Reims, se désolent de ne pas avoir trouvé sous le sapin le magnifique Falcon 7X dont vous avez-vous aussi rêvé (NDLR*).
Le signe absolu de la réussite et du bon goût serait de porter une Rolex au poignet ? Que nenni ! Le « vrai » signe de bon goût, c’est d’avoir sur la lunette arrière de votre voiture un autocollant « My other vehicle is a Dassault Falcon ! ». Même si c’est un vilain mensonge, le fait que vous affirmiez à votre manière que ces avions font partie des chefs-d’œuvre de l’orfèvrerie industrielle et du bon goût à la française, cela vous positionne de façon imparable comme un connaisseur de haute volée.
Bien sûr, ce rêve a un prix : celui d’un outil qui se veut efficace et rentable. Mais là où d’autres ne savent construire que des outils performants, la firme de Saint-Cloud sait donner à ses productions une esthétique particulière inégalée ; alors, forcément, cela fait un peu rêver.
Vadim Feldzer et Frédéric Béniada nous ont concocté un joli livre pour nous raconter par le détail, avec force belles images, à quoi peut ressembler notre fantasme, c’est-à-dire le dernier-né, le triréacteur intercontinental 7X.
Il y a deux manières d’aborder ce livre. La première est donc celle du rêveur lambda qui va s’emparer de ce volume un peu comme d’autres se ruent sur les plaquettes publicitaires des constructeurs de bolides au Salon de l’Auto. C’est beau, brillamment illustré, parfaitement imprimé et réalisé sans aucune fausse note, mais à la différence des brochures sus-citées, ce bel album quasi publicitaire fait plus de 200 pages, autant de phases de rêves.
L’autre approche sera de se plonger, par un texte richement documenté et par des photos souvent superbes, dans l’histoire de la conception d’une machine tellement parfaite qu’elle semble plus tenir de la production de micro processeurs dans une salle blanche que de la mécanique simple et efficace des premiers appareils à avoir porté le nom de Dassault. Créé avec une assistance numérique totale, de la conception à la construction, le Falcon 7X est également le premier jet d’affaires à disposer de commandes de vol numériques, directement héritées de celles du Rafale. Ainsi naissent les fleurons. Il est difficile d’imaginer qu’un tel avion ne soit en fait que le fruit d’une suite de 0 et de 1 et nous sommes loin des anecdotes qui ont fondé la légende Falcon, de Lindbergh à Karajan aux posés d’assaut sur les routes libanaises ; nous sommes ici au cœur de l’aviation en cravate ; un autre monde. Pour comprendre les codes et l’impérieuse nécessité de discrétion de l’aviation d’affaires, ce très joli livre est une pièce importante au dossier.
Si pour vous voler n’est pas qu’une affaire d’émanation de CO2 ou de carnet de chèques, si la performance pure alliée au luxe le plus ultime (entre autres, celui de prendre l’avion sans se retrouver en slip et chaussettes devant un vigile à peine capable d’émettre plus d’un borborygme intelligible par passager traité) vous pousse à regarder ces machines non comme des jouets pour nantis, mais comme un chef d’œuvre d’orfèvres, il vous faut plonger dans ce livre qui montre et explique avec classe comment naissent et vivent les grands avions de notre époque.
Frédéric Marsaly
224 pages, 28 x 22 cm, relié couverture cartonnée
* Note de la rédaction : Nous comprenons désormais les raisons qui poussent Monsieur Marsaly, rédacteur de cet article, à réclamer régulièrement une augmentation. Ne voulant pas passer pour plus pingres que nous ne sommes, nous le prions de passer au bureau de la direction pour prendre livraison du pneu avant (à flancs blancs, vrai signe du « bon goût à la française ») tout neuf que nous lui offrons pour son Solex.