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Fallait pas s’approcher de l’hélice

Alain Loison

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Tiens donc ! Une enquête policière, voilà qui change du genre. Alain Loison met en scène pour la cinquième fois (1) l’inspecteur Philippe Sourbet. Mi-Maigret pour le caractère introverti, mi-Colombo pour son véhicule pouvant être classé dans la catégorie « collection » (un Combi tagué « Love and Peace »), le fonctionnaire de police est chargé de résoudre, cette fois, un problème de disparition. Le nom de l’un des héritiers de Pontassec, ingénieur mécanicien dans l’aéronautique, se serait volatilisé de l’arbre généalogique de la très aristocrate famille bretonne, il y a quelque… 90 ans. Voilà de quoi occuper le fonctionnaire de police, suspendu de ses fonctions en raison d’un prétendu crime de lèse secrétaire d’État, autrefois sa copine de faculté de droit, et sa « petite copine » tout court.

Pour effectuer ses recherches, Louis d’Hartainville, veuf de la dernière descendante de la famille, lui confie un carton contenant des carnets intimes rédigés par Hervé de Pontassec, de 1898 à 1911. Ces écrits représentent la seule trace de son existence terrestre au cours de laquelle il a côtoyé les grands pionniers de l’aéronautique tels que Wilbur Wright, Louis Blériot et Hubert Latham dont il dresse les portraits : fort désagréable pour le premier, pâlot pour le deuxième (onze petits mots à la date du vendredi 23 juillet 1908 : « Louis Blériot a réussi la traversée de la Manche, ce matin. »), et enthousiaste pour le dernier.

C’est justement là l’intérêt – et je dirai le seul, malheureusement – de ce roman policier dont l’intrigue manque singulièrement d’épaisseur et de suspense. Nous soulignerons quelques « légèretés » au passage dans le déroulement de l’enquête : une armée de l’air qui naît en 1932 (?), un dossier militaire conservé par le Service Historique de l’Armée de Terre – SHAT – (tous les services ont été mutualisés au profit du service historique de la Défense depuis 2005, chaque armée ayant toutefois conservé son propre département ; de plus, les dossiers du personnel de l’aéronautique né avant 1905 sont détenus par le département de l’armée de l’air), une entrée du Château de Vincennes condamnée au public, et surtout les invraisemblables délais records pour l’obtention de la dérogation (il faut compter environ deux bons mois).

Bref, le contenu de ce polar tout simplement gentillet trahit la promesse annoncée en 4e de couverture d’être « une enquête passionnante qui donne le vertige ! » À lire sur la plage ou pour meubler un dimanche après-midi pluvieux, à défaut d’un Cluedo. Point positif toutefois : imprimé en gros caractères, l’ouvrage est particulièrement lisible.

Corinne Micelli


193 pages, 15 x 24, broché

1) déjà paru :
– L’argent de l’évêque
– Du sang sur les notes
– Manuscrit mortel
– Quand les momies se baignent…



Droit de réponse d’Alain Loison

« Fallait pas s’approcher de l’hélice », à l’instar de mes romans policiers précédents, est construit comme une œuvre de fiction contemporaine renvoyant à un fait historique, que l’enquêteur doit explorer.
Si l’enchevêtrement d’évènements historiques et de fiction n’autorise pas l’auteur à prendre des libertés avec l’Histoire, en revanche, il lui permet de rapporter celle-ci par le prisme de ses personnages, qu’une sensibilité particulière ou des préoccupations personnelles peuvent toutefois déformer.
Reste au lecteur « avisé » sur le sujet à ne pas chercher, par plaisir, des « légèretés » qui finalement n’en seraient pas, et d’accepter, s’agissant d’un roman, des concisions d’écritures.
Ainsi, il aura remarqué, dès la page 15, que l’enquête policière se déroule en octobre 1989, bien antérieurement à la création du service historique de la défense, ce qui justifie les recherches de l’inspecteur Sourbet au service historique de l’armée de terre
Ainsi, il n’aura pas douté de la création de l’armée de l’air seulement en 1934 (cf. le décret du 1er avril 1933 et la loi du 2 juillet 1934)… avec pour conséquence, et par exception, la conservation dans les fonds d’archives de l’armée de terre des dossiers des aviateurs ayant effectué la totalité de leur carrière avant cette date (c’est le cas d’Hubert de Pontassec)…
Ainsi, quand après onze pages de notes sur sa présence auprès de Louis Blériot, Hubert de Pontassec consigne en seulement onze mots l’exploit de ce dernier, il aura compris que c’est son amertume qui s’exprime puisqu’il a rejoint, depuis deux mois, Hubert Latham, son concurrent malheureux ; mais peut-être est-ce aussi l’expression d’un regret ? …

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Libra Diffusio

ISBN 9782844924087

20 €