L’aviation américaine conquiert le monde : voilà un titre que d’aucuns pourraient interpréter de manière erronée, pensant que ce hors-série est entièrement dédié à l’aviation des USA. En 126 pages, Michel Bénichou ne se contente pas de nous expliquer comment l’aviation américaine n’a pas attendu, comme on le prétend encore souvent, la fin de la Seconde Guerre mondiale pour occuper la première place au niveau mondial : pour chacun des « grands » pays aéronautiques est fait le point de la période l’entre-deux-guerres. Et c’est bougrement révélateur et convaincant.
Au sortir de la Grande Guerre, les USA sont un nain aéronautique, ayant à peine construit davantage d’appareils que la Russie… et moins que l’Italie, mais qu’un basculement propulsa à la première place dans les années 20, surtout par le moyen de ses avions commerciaux.
Ce hors-série s’ouvre sur le pays qui, en 1919, possédait la première industrie aéronautique au monde : la France, avec un chapitre intitulé « Le déclin français » qui se termine par la terrible conclusion : « De 1919 à 1937, en moins de vingt ans, l’aviation française était devenue le parent misérable de celles dont elle avait été le modèle ». C’est ensuite le tour du Royaume-Uni, avec là encore une approche où sont évoqués tant la technique que l’économie, la politique, les appareils, les compagnies aériennes, etc. L’Allemagne, avec son histoire particulière et tourmentée, et l’Italie, souvent plus clinquante qu’efficace, précèdent une Union soviétique et un Japon dont l’histoire de l’entre-deux guerres est trop rarement évoquée.
Reste un avant-dernier chapitre traitant des autres pays, de l’Australie à la Belgique, de la Suisse à la Roumanie, et le terrain est déblayé pour le chapitre essentiel (et copieux) qui s’intitule « Les États-unis ou l’explication du monde aéronautique ». Ce hors-série se clôt avec un (très intéressant) chapitre qui rééquilibre un peu la balance en faisant un rapide tour d’horizon des progrès de la technique aéronautique, progrès dont beaucoup émanaient de la « vieille Europe ».
Voilà une étude rondement et savamment menée, qui montre une fois de plus qu’un magazine hors-série propose un contenu qui aurait pu faire l’objet d’un « vrai » livre. Tout le monde ne partagera peut-être pas au millimètre près le point de vue de Michel Bénichou, mais ce numéro brosse un tableau raisonné de l’aviation mondiale de l’entre-deux-guerres. C’est une approche trop peu fréquente pour ne pas être signalée.
P.B.
132 pages, 21 x 29,7 cm, dos carré