Les Faucheurs, c’est une escadrille de teigneux, menée de main de fer par un as masqué de cuir, connue pour « descendre du boche » autant que pour faire le coup de poing dans les bars voisins de la base. Quand Lafitte, pilote de reconnaissance, bourgeois un peu coincé, rejoint l’escadrille, il a une ambition : devenir un as. Et la conviction que, pour cela, il suffit qu’on lui donne un avion et qu’on le laisse foncer dans le tas — et peu importent la stratégie, la hiérarchie et toutes ces broutilles qui ont cours sur le front.
Avec Les faucheurs de vent, Thierry Lamy, scénariste polyvalent, s’attaque à la Première Guerre mondiale et au combat aérien. Mais son sujet reste surtout les affrontements d’hommes — entre un ambitieux bourgeois habitué à la réussite et des prolétaires entraînés à gagner par la force le peu qu’ils obtiennent ; entre un capitaine bienveillant et un lieutenant exigeant ; entre chasseurs de panache qui n’abattent pas un adversaire handicapé et stratèges cyniques pour qui seul compte le résultat. Tendu comme une corde de piano, le récit peut parfois en faire un peu trop, mais il est prenant, entraînant, direct et brutal comme ses personnages.
Le trait réaliste et la mise en couleurs assez sobre s’accordent au récit sec et tendu.
Aux pinceaux et à la palette, nous retrouvons Cédric Fernandez et Franck Perrot, déjà à l’œuvre sur Saint-Exupéry. Le dessin réaliste et expressif souligne parfaitement l’histoire, la mise en pages est aérée et dynamique, et les couleurs font preuve d’une certaine retenue qui permet aux quelques scènes enflammées de ressortir d’autant mieux.
Il est permis de regretter certains rebondissements un peu faciles, quelques dialogues déjà-vus et une coïncidence un peu tirée par les cheveux lors de la rencontre entre Marais et Bretton, mais la tension tient d’un bout à l’autre et l’ambiance d’hostilité permanente infuse l’ensemble de l’ouvrage. Les amateurs de récits dramatiques et de personnages hauts en couleur apprécieront donc, autant que ceux qui goûtent le beau dessin réaliste.
Franck Mée
48 pages, 24 x 32 cm, cartonné
0,560 kg
– La série Faucheurs de vent
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Glénat
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