Ferber l’aigle foudroyé

Le meeting d’aviation de Boulogne 1909
Mémoires pour l’histoire de Boulogne et du Boulonnais N°9
Christian Bailleux

Ferdinand Ferber évoque immanquablement les tout débuts de l’aviation française, souvent cité en exemple par ceux qui firent cet époque, il disparu trop rapidement lors du meeting de Boulogne le 20 septembre 1909. Cet ouvrage sans prétention particulière est un véritable devoir de mémoire, composé en trois parties distinctes correspondant à trois événements très différents et totalement inédits pour deux d’entre eux.

Le livre I synthétise en 130 pages la vie et l’œuvre de Ferber, on y apprend guère plus de choses que dans le livre écrit par ses enfants Andrée et Robert, paru en 1970 chez Fayard, mais le texte moins partisan y apporte un recul qui manquait, agrémenté qui plus est de nombreuses photos dont certaines inédites. Certes le texte ne nous révèle pas les pensées intimes du pionnier, mais il démontre la persistance passionnée de ce polytechnicien qui voulu, face à l’adversité de son entourage tant militaire que civil ainsi qu’à ses propres échecs, transformer obstinément ses rêves verniens d’enfant en la réalité du plus lourd que l’air, s’appuyant d’abord sur les expériences de Lilienthal puis sur les succès des frères Wright avec lesquels il correspondit, côtoyant les frères Voisin, Blériot et Santos-Dumont. Il les suivit jusqu’au meeting de Reims de 1909, véritable acte de naissance de l’aviation, puis s’en alla rejoindre son destin quelques semaines plus tard.

Le livre II traite du meeting de Boulogne, meeting qui, il faut bien le dire, hormis la disparition de Ferdinand Ferber … seul participant, ne fut pas un événement des plus mémorables de l’année 1909. C’est pourquoi il faut saluer ici ce long chapitre inédit de 145 pages qui constitue un témoignage remarquable traitant du « montage » d’un meeting, des diverses tracasseries et complications administratives, des tractations pour attirer les concurrents, les joies des premiers engagements, les déceptions des désistements face à l’éclosion d’autres meeting aux prix plus alléchants, mais toujours cette persistance chez Ferber qui, seul, viendra honorer son contrat.
Cependant, qui sait aujourd’hui que le meeting de Boulogne devait être celui de « La traversée Boulogne-Folkestone et retour, du 1er au 30 septembre 1909 », exploit qui tomba à l’eau faute de moyens, de concurrents et de temps approprié. Cette double traversée de la Manche ne sera accomplie que quelques mois plus tard en 1910 par Charles S. Rolls sur Flyer Wright.

Le livre III sonne comme un requiem consacré à l’après-Ferber en terre boulonnaise, consacré à la disparition progressive puis mystérieuse des restes de son aéroplane et surtout à la naissance de son monument couronné d’un aigle, déboulonné en 1940… puis ressurgi partiellement des flots et finalement sauvé des eaux. Au-delà d’une nouvelle étude rafraîchissante pour les jeunes générations sur la vie et le personnage de Ferdinand Ferber, la reproduction quasi exhaustive des articles de la presse locale et nationale concernant le meeting de Boulogne en fait un ouvrage de compilation de référence pour une étude sur cet aspect trop souvent oublié de l’organisation d’un événement et de la façon dont il était vécu par les populations locales de l’époque. Une bonne façon de démythifier des actes simples tout en honorant la mémoire d’un fils d’Icare.

Thierry Matra


(346 pages, 14,8 x 21 cm, broché)

En bref

Mémoire boulonnaise

ISBN 978-2-9532663-4-4

22 €