Au Panthéon des héros de l’air néo-zélandais brille une étoile particulière. Au cours des années trente, Jean Batten était une aviatrice célèbre de par le monde pour ses records intercontinentaux. Mais l’étoile était filante et, si elle ne disparut pas totalement de la société, elle cessa de voler dès le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, aussi brutalement qu’explosa sa célébrité dès ses premiers exploits. Sa courte carrière et sa longue vie, sa beauté souvent comparée à celle de Greta Garbo, l’omniprésence de sa mère vivant une passion de l’aviation par procuration, ses amours compliquées, sa vie alternant les intervalles d’exposition médiatique épuisante et de retraite solitaire et mélancolique, en ont fait une héroïne de roman.
C’est précisément ce type d’ouvrage que nous propose la romancière Fiona Kidman. On lit ce livre où tout sonne vrai, situations et dialogues, avec passion et même avec étonnement parfois, étant donnée la précision de certaines scènes très intimes. Dans le dernier chapitre, l’auteur cite ses références, démêle ce qui est vrai de ce qui est supposé, et explique comment elle a travaillé.
Tout cela est bien réalisé, et la traduction depuis l’anglais néo-zélandais ne semble pas trop trahir l’auteur. Tout au plus, pour les aérophiles purs et durs, peut-on signaler page 129 un « sur les ailettes » que l’on suppose concerner des ailerons, page 175 des « outils de contrôle » qui doivent se trouver sur le tableau de bord et, pour un sourire, page 266 une Jean Batten se retrouvant au milieu d’un tas de « tôle froissée« , sachant qu’elle pilotait un De Havilland Moth construit en bois…
Au final, rendons hommage à Fiona Kidman pour avoir choisi comme sujet cette intrépide pilote à la si grande force de caractère, en vol comme au sol, et pour le roman bien agréable qu’elle lui a consacré.
Jean-Noël Violette
– Roman traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Dominique Goy-Blanquet
480 pages, 14 x 18,3 cm, broché
0,512 kg