Passionnée par l’histoire de l’aéronautique militaire, j’ai visionné avec beaucoup d’intérêt le film Flyboys, de Tony Bill. Le scénario retrace l’arrivée des premiers Américains au sein de l’escadrille La Fayette, sur le terrain de Luxeuil. N’étant pas une spécialiste en matière d’avions anciens, je me suis attachée principalement à l’histoire de ces aviateurs insolites. Hormis la romance destinée à égayer le « champ de bataille », j’ai été agréablement surprise par la mise en scène. De ce film, je retiendrai notamment l’illustration de la chevalerie des pilotes, telle qu’on peut la retrouver dans les écrits de l’époque. J’ai eu l’occasion de retracer la biographie de plusieurs as français de la Grande Guerre et tous étaient mus par cette tradition séculaire. Ces gens-là se battaient dans les airs à armes égales. D’un côté comme de l’autre, on se haïssait tout en s’admirant ; un paradoxe qui montre que l’on respectait les qualités guerrières de l’ennemi.
Le film, sur ce point, illustre parfaitement ce sentiment noble que l’on trouve archaïque aujourd’hui. Pour le reste, je laisse aux spotters avertis le soin de vérifier la véracité du matériel et des scènes de combat.
Corinne Micelli
Disons-le tout net : Flyboys n’échappe pas à la règle des poncifs propres au cinéma américain. L’Allemand de service a vraiment une sale tête de méchant sadique à souhait, une inévitable histoire d’amour vient mettre un peu de douceur dans ce monde si cruel, les officiers français sont un peu guindés, etc. Ajoutons-y quelques invraisemblances très cinématographiques pour faire bon poids (le sauvetage entre les tranchées est un grand moment). Un moment franchement « gag » : le pilote américain rencontre d’évidents problèmes linguistiques pour faire du gringue à la jolie Lucienne ; comme le film est intégralement doublé en français, cela donne un résultat un peu bizarre.
Alors, Flyboys, un navet ? Si le public américain l’avait boudé, c’est qu’il attendait un « Top Gun » à la sauce 14-18, ce que ce film n’est pas. À la vérité, je ne me suis pas ennuyé un instant. Disons-le tout net : les combats aériens, qui occupent une part importante dans le film, sont époustouflants, avec un côté tumultueux qui peut faire penser aux photos de la collection Cockburn-Lange. Les effets spéciaux en images de synthèse sont superbes et la façon dont ils sont mêlés aux images réelles les rend parfois difficilement détectables. On s’y croirait ! La séquence du raid sur Jametz où se mêlent Hanley-Page, Nieuport et Fokker s’avère particulièrement réussie, de même que l’attaque du Zeppelin.
Le scénario n’est finalement pas nécessairement cousu de fil blanc. Par exemple, il est difficile de deviner qui va revenir vivant d’un combat aérien. L’impression d’ensemble : un film plutôt crédible, et en tout cas un spectacle de choix. Bien sûr, au « jeu des sept erreurs », on a vite fait de gagner, mais peut-être est-il bon de rappeler qu’un film est une œuvre de fiction et que pour se cultiver, mieux vaut un documentaire.
Philippe Ballarini
Durée 140 min, format 16/9, son Dolby digital 5.1
Réalisateur : Tony Bill
avec James Franco, Martin Henderson, Jean Reno
Cette capture d’écran est un pâle reflet de l’effet spectaculaire des combats aériens. Bon, d’accord, il y a trois « barons rouges », mais ce film n’a jamais prétendu être un documentaire. (capture d’écran)
C’est que l’uniforme lui irait plutôt bien, à notre Jean Reno national, plutôt crédible dans son rôle de capitaine Thénault ! Un drôle de képi de capitaine, tout de même. (Remerciements à Swift Productions pour cette image)