Une reporter d’image (RI) de la Marine nationale, envoyée sur le Charles-de-Gaulle pour réaliser un livre photo : telle est l’héroïne de Force navale. L’idée est bonne : une reporter est logiquement amenée à couvrir des missions variées, à visiter les différents endroits d’un bâtiment et à observer les aspects variés de l’organisation militaire. C’est donc le personnage idéal pour présenter les forces — mission assumée de l’album, réalisé avec le soutien de la « Royale ».
Hélas, d’un tel ouvrage, on attend nécessairement une certaine précision technique : comment, dès lors, expliquer qu’une moto penche à gauche dans une courbe à droite, que le viseur de l’appareil photo change d’apparence d’une planche à l’autre, que les becs d’un Rafale soit déployés en vol de croisière ou qu’une fuite de carburant se promène au gré des cases d’un milieu d’extrados au dessous d’un apex (zone où, du reste, il n’y a pas de réservoir) ? Luc Brahy semble avoir dessiné un peu rapidement, sans prendre le temps de se documenter sur la constitution des appareils et leur apparence au cours des différentes phases de vol. Il a aussi parfois laissé passer des perspectives étonnantes et des erreurs de continuité, quelques personnages changeant de position d’une case à l’autre. C’est d’autant plus regrettable que certaines cases sont franchement réussies, que les visages sont expressifs, et que la mise en page et la composition dynamiques rendent la lecture agréable.
En sortie d’un virage à droite, les motos penchent à gauche, c’est bien connu.
Ceci étant, le meilleur dessin n’aurait su compenser la vraie faiblesse du récit : le scénario. L’objectif annoncé, présenter la Marine et plus particulièrement son navire-amiral, est pollué par des histoires secondaires basées sur des clichés faciles. Ainsi, un mystérieux Su-35 apparaît dans la plus pure tradition « Lady X », les relations entre l’héroïne et son père (et, en fait, toutes les réactions de l’héroïne) sont déjà vues cent fois, tous les personnages ont un passé tragique de leur cru, et que dire du niveau de coïncidence nécessaire pour réunir le même jour sur le même navire une RI, sa meilleure amie qu’elle n’a plus vue depuis le lycée, et un ami de sa mère connaissant seul son terrible secret ?
Le résultat est un album bourré de bonnes intentions, mais sans subtilité, qui recourt à des artifices éculés et à des digressions d’inspiration policière pour allonger la sauce. Il souffre enfin d’approximations techniques — jusqu’à la couverture, où l’on voit un superbe logo « EOS 500« , reflex d’entrée de gamme des années 1990 dont on comprend mal la présence de nos jours au cou d’une professionnelle.
Franck Mée
48 pages, 24 x 32 cm, cartonné
0,650 kg
Les albums de la collection « Force navale »
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Glénat
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