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Force navale [2]

Thierry Lamy & Luc Brahy

Voici le deuxième tome des aventures du second-maître Morgane Le Secq, reporter d’images de la Marine, envoyée couvrir les missions du Charles-de-Gaulle au Levant. Après les présentations du premier volume, place à l’action : un Rafale a été abattu en territoire ennemi, et les opérations de recherche et de secours sont au cœur de l’album.

Le scénario a une qualité : il présente de manière assez équilibrée les opérations de CSAR*, de leurs préparatifs à leur exécution. Les échanges entre MI-6 et DGSE, l’information sur l’ennemi, les moyens engagés pour assister le commando… Cette partie est réussie, assez claire et correctement menée.

Force navale [2]
Force navale [2]

Même en plein milieu d’un exercice incendie, alors qu’une opération CSAR se prépare, ces deux types qui ne s’apprécient même pas
ne s’intéressent qu’à une histoire secondaire digne d’un mauvais Dallas


Mais la qualité de ce récit de guerre ne peut faire ignorer la lourdeur du polar de série Z qui s’y mêle, avec ses rebondissements ahurissants. Dans le premier tome, nous regrettions l’incroyable coïncidence qui met sur le même bateau l’héroïne et celui qui, seul contre tous, connaît le secret de la mort de sa mère. Et bien pour estimer la validité du tome 2, calculez donc les chances que, de tous les pilotes de la coalition engagés dans la région, ce soit justement la meilleure amie de Le Secq qui soit abattue. Multipliez par la probabilité que, après son éjection, elle tombe précisément sur le Français qui sert de taupe au MI-6. Pour faire bonne mesure, imaginez que celui-ci soit intimement lié à la mort de la mère Le Secq… Ça pourrait encore passer si cette histoire secondaire restait en sourdine, sans prendre le pas sur l’action principale ; mais elle envahit toutes les phases du scénario, les personnages oubliant parfois totalement leur mission pour régler leurs comptes sur cette affaire vieille de 15 ans — ce qui est à la limite de l’insulte envers le professionnalisme des marins du Charles.

Force navale [2]
Force navale [2]

Par rapport au premier tome, sans être irréprochable, le dessin évolue dans le bon sens.


Sur le plan graphique, on retrouve le dessin de Luc Brahy, expressif et dynamique, et une mise en page efficace qui rend la lecture agréable. Quelques approximations techniques sont à regretter, mais elles sont moins nombreuses que dans le premier tome ; on remarque surtout quelques perspectives hasardeuses qui donnent l’impression que les Rafale de l’Aéronavale ont la verrière bombée de leurs cousins biplaces ou que le Sukhoi Su-27 des méchants a le fuselage tordu. Dans l’ensemble, le dessin réaliste à la française et la mise en couleurs sobre et efficace sont à porter au crédit de la série.

Plus encore que le premier, ce second tome est donc frustrant. D’un côté, un graphisme entraînant et une réelle volonté de présenter l’activité de la « Royale », d’expliquer une mission de CSAR et le rôle de chaque maillon, du pilote éjecté aux commandos qui viennent le chercher, en passant par le renseignement et l’état-major. De l’autre, un scénariste en roue libre qui suit n’importe quelle idée absurde qui lui passe par la tête sans se demander une seconde si son récit conserve un minimum de crédibilité.

Un dernier petit reproche pour la fin : il n’est pas normal que, chez Glénat, personne n’ait relu la page de garde de l’album, qui contient la même faute (« Cet album à été réalisé ») que le premier volume.

Franck Mée


* CSAR : Combat Search and Rescue, recherche et secours en zone de combat.


48 pages, 24 x 32 cm, cartonné
0,650 kg


La collection « Force navale »

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Albums de la série
En bref

Glénat

ISBN 978-2-34402-916-9

13,90 €