C’est sur la base de Mont-de-Marsan que le 8 octobre 1964, pour la première fois, un Mirage IV a tenu une alerte à 5 minutes, équipé d’une bombe nucléaire active, marquant alors l’entrée de l’armée de l’Air dans l’ère atomique et l’avènement de l’activité opérationnelle des Forces Aériennes Stratégiques.
Un demi-siècle plus tard, les outils ont changé ou évolué, les Mirage IV ont laissé la place aux Mirage 2000N et aux Rafale, le plateau d’Albion, autre pan majeur de la dissuasion française, a été démantelé, les bombes ont laissé la place aux missiles. Les ravitailleurs Boeing sont, eux, encore là !
Brosser le portrait d’un des grands commandements organiques de l’aviation militaire française n’a rien d’une tâche aisée tant tout ce qui relève de la dissuasion est frappé du sceau « confidentiel défense » et considéré comme sensible. Cependant des sources existent et il revient à Hervé Beaumont d’avoir su les utiliser au mieux. Après nous avoir produit un ouvrage qui a fait date sur le Mirage IV chez Docavia, il y a un peu plus d’une dizaine d’années, il revient avec ce document au sujet plus large mais une fois de plus traité avec un souci du détail justement remarquable.
Des fondations de la dissuasion nucléaire de la France, titre du premier chapitre, au futur des systèmes d’armes des FAS, titre du 11e et dernier chapitre, l’auteur a passé en revue l’ensemble des spécificités des armes stratégiques de l’armée de l’Air française, l’histoire complète du plateau d’Albion ou les évolutions de la mission « nuc ». Plusieurs chapitres sont consacrés entièrement aux avions et à leur système d’arme : le Mirage IV, les ravitailleurs, le couple Mirage 2000N/ASMP et le Rafale B F3/ASMP-A. Rien ne manque, et tout est analysé avec une érudition évidente.
Les unités et leurs commandants respectifs sont également détaillés, rien ne semble manquer à cet historique, y compris les dossiers moins connus comme les ballons de l’escadron SYDEREC (SYstème DERnier RECours), rarement traités jusqu’à présent.
L’ensemble profite d’une présentation plutôt agréable, avec une impression de bonne qualité sur un papier épais, permettant aux innombrables illustrations d’être bien mises en valeur. Les esprits chagrins pourront penser que certains documents auraient gagné à être publiés légèrement plus grands ; la longueur du texte, dense à souhait, a sans doute justifié ce très léger sacrifice.
Quoi qu’il en soit, il sera difficile de trouver autre chose à redire sur ce livre impressionnant, fruit d’un travail soigné et de très longue haleine. Une réussite !
Frédéric Marsaly
256 pages, 23,5 x 31,5 cm, couverture cartonnée
Illustrations : Gérard Paloque
Avec l’aimable autorisation de
© Histoire & Collections
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