La question se pose : doit-on rappeler ce que signifie « Fox-Papa » ? En aérophiles avertis, la plupart des acquéreurs de ce bel outil le savent déjà. Mais imaginons tout de même que quelqu’un tombe sur cette recension par pur hasard suite à une recherche sur la discographie de Mort Shuman ou de renseignements sur la gestation des renards…
Les immatriculations des aéronefs français, à l’exception des ULM, se composent d’une séquence de cinq lettres commençant par un « F », qui se dit « Fox » (pour « Fox-trot », la version officielle OACI) dans l’alphabet aéronautique. La lettre suivante dépend du type d’appareil : « A » pour les avions anciens, « B », « G » et « H » pour les appareils classiques et modernes, « C » pour les planeurs (voir Fox-Charlie du même auteur), « W » pour les prototypes, « O » pour l’outre-mer, etc. La suite n’est qu’une affectation en principe chronologique.
Les appareils construits en amateur par leur premier propriétaire, que ce soit selon sa propre conception, en suivant une liasse de plans ou en partant d’un kit, dès lors qu’ils sont reconnus aptes au vol par les services officiels qui leur délivre un CNRA (certificat de navigabilité restreint d’aéronef), sont immatriculés en F-Pxxx, c’est-à-dire en « Fox-Papa ». L’auteur a donc dressé au fil des années la liste de ces appareils, présentée dans l’ordre alphabétique, c’est-à-dire de F-PAAA à F-PZZZ, comme dans un dictionnaire.
Nous sommes aujourd’hui devant la troisième mouture de cette œuvre interminable, après les éditions de 1997 et 2004. Bien entendu, tant que des aéronefs seront immatriculés ainsi ,ce travail ne sera jamais terminé, ce que nous rappelle l’auteur. Un peu comme une édition des plaques minéralogiques des voitures. Mais à la date où ce travail est bouclé, début 2009 en l’occurrence, c’est une source fondamentale d’informations pour le chercheur en histoire aéronautique, une « mancoliste » originale pour le spotter ou pour le pilote privé qui aura plaisir à y cocher les objets volants identifiés qu’il aura pilotés, et dans tous les cas une mine de renseignements pour le simple passionné des choses de l’air.
D’autant plus que la liste ne se limite par à une sèche énumération de ces immatriculations : en regard de chacune d’elles figurent les renseignements recueillis auprès des services Veritas : nom des propriétaires successifs, individus ou aéroclubs, dates et lieux de renouvellement du CNRA, renouvellement à la charge de cet organisme pendant des décennies. Au passage, signalons toutefois que c’est là où se situe simplement la limite de l’exercice, car entre deux renouvellements de certificats de navigabilité il y a pu avoir une ou deux ventes ou changements de lieux d’activité, qui ne sont pas disponibles auprès de cette source. Mais l’essentiel y est.
Les annexes sont également très intéressantes : une liste des abréviations utilisées pour les noms d’aéro-clubs en fonction de leur implantation géographique, un tableau des types d’avions français éligibles au « Fox-Papa » conçus depuis 1945, puis une présentation des aéronefs, étrangers cette fois, qui figurent également dans ce registre, et pour finir plus de deux cents photos en noir et blanc issues pour la plupart de la collection de Paul Banwarth.
Après cette nouvelle édition de « Fox-Papa » et celle de « Fox-Charlie », nous attendons avec impatience celle espérée par l’auteur de son « Fox-Bravo », pour nous y plonger une fois de plus !
Jean-Noël Violette
223 pages, 16 x 24 cm, broché