Frères du désert

Deux vies, une maladie, un challenge :
La traversée du Sahara en ULM
Alexandre Landrieux

Frères du désert, c’est le récit d’une aventure devant laquelle on ne peut que rester admiratif. Celle de deux frères souffrant de myopathie qui partent malgré leur handicap survoler avec des ULM le Sahara après avoir à peine appris à voler pour l’un, et sans même avoir fini sa formation pour le second. Si l’effort est louable, le livre peut laisser plus dubitatif. De jolies et abondantes photos rendent plus passionnant un texte parfois maladroit. L’impression laissée est surtout le côté excessif de l’histoire.

Excès de confiance de pilotes à peine formés partant faire équipe avec de plus aguerris, sans que l’on comprenne bien qui est le commandant de bord en vol, voire qui dirige l’expédition : la prise des décisions est racontée à la première personne par l’auteur, mais on a un doute à la lecture des risques pris par les coéquipiers (survol en radada, vols en conditions météorologiques dégradées…)

Excès d’inconscience en emmenant en Tunisie des appareils qu’il ne connaît pas, sans les avoir essayés auparavant. L’auteur a beau glorifier le côté « libertaire » de l’ULM, on se pose vite des questions…

Excès de rancœur vis-à-vis de tout ce qui ne va pas, les équipiers qui l’abandonnent, la nonchalance des autochtones, les services de l’aviation civile et militaire tunisiens et libyens, les douaniers et toutes les autorités en général. On peut comprendre que l’auteur soit mécontent de ce ou de ceux qui s’opposent à son projet par (in-)action, par pensée ou par omission. Ce qui est dommage, c’est le ton aigri, voire agressif, qu’il emploie pour en parler. Ça ne favorise pas l’empathie du lecteur, qui partait pourtant tout disposé à son égard.

Excès d’autosatisfaction quand le livre arbore comme sous-titre « La traversée du Sahara en ULM »… alors que l’intégralité des vols se déroule en Tunisie. Les pilotes ont déjà eu un mérite certain à réaliser ces vols au-dessus du désert. Alors pourquoi en exagérer le résultat ?

Excès de contradictions encore, en fustigeant les cameramen que l’auteur a lui-même fait venir pour couvrir l’aventure. Un peu comme si Nicolas Hulot ou Sylvain Augier se permettaient de traiter les cameramen de « vautours »…

Cependant il faut rappeler les combats qu’Alexandre Landrieux a dû mener pour arriver à réaliser son rêve, combats contre la maladie et contre le temps. On peut imaginer que la force de caractère que cela suppose est comme une médaille dont ce côté excessif serait le revers.

Rappelons également qu’à chaque livre acheté une partie du bénéfice sera reversée à l’AFM , l’Association Française pour la lutte contre les maladies neuro-musculaires.

C’est en tous cas un bel album de photos. On aurait peut-être aimé la présence d’une carte pour mieux suivre les vols. Par contre, et c’est assez agréable bien que le texte soit petit, le récit fourmille en marge d’annotations très instructives.

Jean-Noël Violette


132 pages, 21 x 14,8 cm, couverture souple pelliculée

À chaque livre acheté, une partie du bénéfice sera reversée à l’AFM, Association Française pour la lutte contre les Maladies Neuromusculaires.

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Volez Éditions

ISBN 978-2-917396-18-6

29 €