Il voulait être capitaine au long cours et fut même élève-officier sur l’Île de France. Appelé dans la Marine nationale et tenté par les hydravions, il passa aisément son brevet de pilote à Hourtin : Ainsi débuta l’incroyable carrière aéronautique de Jean-Mary Accart, auquel Gardien du Ciel consacre une éblouissante biographie.
Versé dans l’Armée de l’air, il reçut le commandement d’une escadrille de chasse engagée dans la guerre. Il s’y illustra à bord de son Curtiss H-75 en descendant sept avions en un jour, avant d’être abattu à son tour, le 1er juin 1940. Grièvement blessé, il mit à profit sa longue convalescence pour se raconter dans un livre à succès Chasseurs du ciel, avant de rejoindre l’Angleterre via l’Espagne dont il visitera les geôles franquistes. Début 1944 il commande un groupe de Spitfire, et participe au débarquement en Normandie et à nombre de missions aériennes de couverture, d’escorte, d’attaque…
Tout le livre est quasiment écrit à quatre mains : celles du fils, Bernard Accart, admiratif du chef aérien et de son père, et celles de ce dernier, Jean-Mary Accart, dont on lit de nombreux écrits riches de commentaires et de faits.
La première moitié du livre sur la Seconde Guerre mondiale et ses prémices, revient sur les bonnes relations entre aviateurs français et allemands d’avant-guerre à opposer à l’âpreté des combats qu’ils se livrèrent ensuite. Elle souligne aussi l’héroïsme et l’abnégation des nôtres lorsqu’il fallut faire face à des adversaires redoutables, lors de la Bataille de France de mai et juin 1940, dont le capitaine Accart fut l’un des héros, avec 14 victoires à la tête de l’escadrille 1/5. Elle veut aussi redire que nos aviateurs ne furent pas absents des combats de 40, ni responsables d’une accablante défaite. Elle salue enfin ceux qui continuèrent la lutte dans la RAF, au côté des Alliés, dans une « autre guerre », payant un lourd tribut aux survols de la Manche et à la Flak, comme le commandant Marin la Meslée, As et ami regretté, longtemps l’adjoint d’Accart, et qui lutta avec lui au service d’une belle cause : la défense des droits de l’homme.
Le combattant affûté et courageux, le chef exemplaire, le coéquipier fraternel, le père modèle et protecteur, le capitaine J.M. Accart, si bien décrit dans son humanité et sa rigueur, était pétri d’idéaux au service de la France Libre.
La seconde partie du livre suit Accart dans ses différentes affectations en état-major, après l’école de guerre aux USA. Il est auprès des grands chefs qu’il conseille pour faire renaître une armée de l’air moderne et bien équipée. Il est au Bureau Plan, puis directeur de cabinet du Chef d’état-major, à la tête du CEV de Brétigny, comme adjoint de l’Ingénieur général Bonte, et assiste au vol historique du Leduc 010, côtoie Jacqueline Auriol et Marcel Dassault…
Inspecteur de la chasse avant de commander la base aérienne de Reims qu’il baptise du nom de son ami Marin la Meslée, il vole, écrit de belles pages sur le Vampire et d’autres avions à réaction, tandis que les personnels placés sous ses ordres apprécient ses qualités de formateur et de chef, sa personnalité rayonnante, son état d’esprit exemplaire. Il passe le mur du son en 1952 sur F-84F, est nommé général en 1957.
Placé à la tête des opérations aériennes, il commande le 1er CATAC à Lahr, de 1960 à 1962, et la Force aérienne tactique et 1re région aérienne, de 1962 à 1963. Revenant aux programmes, il s’occupe des grands projets d’armement nationaux et dirige avec succès le programme de Défense aérienne de l’Otan, NADGE, de 1965 à 1973.
La mise en page de l’ouvrage, bien structurée et accessible à tous, propose de nombreuses illustrations, croquis et photos d’époque, en noir et blanc, où l’on retrouve en particulier les silhouettes et les caractéristiques de tous les avions pilotés par le Général Accart, du Morane MS-138 au F-100 Super Sabre : impressionnant !
Et si davantage qu’un brillant pilote, qu’un bon chef et qu’un infatigable bâtisseur, Jean-Mary Accart avait été avant tout un penseur ? Il ne répondra pas à cette question puisqu’il nous a quittés en 1992, mais chacun se fera une idée flatteuse de cet aviateur exceptionnel, qui a su si bien profiter de son immense expérience et de sa brillante intelligence pour se tourner sans cesse vers l’avenir. Ce magnifique ouvrage qui est aussi une belle histoire de famille, dévoile une personnalité attachante qui interpelle. Quelle carrière remarquable au palmarès sans égal, et quel exemple d’homme !
Colonel Richard Feeser
230 pages, 21 x 29,7 cm, 101 images
Couverture souple pelliculée
Le complément naturel de Gardien du ciel : Chasseurs du ciel, du capitaine Accart (première édition : 1946)