L’industrie aéronautique a connu quelques contes de fées, l’un des derniers au niveau industriel et commercial étant lié au F-16. Frédéric Lert s’attache dans ce premier tome à nous le rappeler en évoquant la genèse, puis les premières évolutions, de ce chasseur qui se révèle pour le moment comme le plus produit de sa génération.
De conte de fées, en fait il n’en est rien, l’auteur rappelant les turpitudes d’un programme issu d’un groupe d’hommes pensant différemment et ayant fort à faire pour renverser les mentalités prévalant alors. L’objet du livre ne permet pas d’en détailler les arcanes, mais le rappel ici présenté est suffisant.
L’autre point peu banal du vainqueur de General Dynamics est son début commercial, engrangeant en quelques mois un millier de commandes. Ce début en fanfare n’est pas sans frapper les imaginations, mais l’auteur s’attache à nous rappeler que certains alors ne perdirent pas de vue que la cellule révolutionnaire est néanmoins très limitée du fait même de son concept, ce qui amène rapidement à des évolutions. Une revue de celles-ci est complétée par celle des cellules employées à divers tests et développements ainsi que les avant-projets mort-nés.
Entre-temps, un chapitre est consacré à l’inventaire des utilisateurs américains d’une part, et des modèles destinés à l’export de l’autre. C’est la partie la plus faible du livre, dix lignes ne pouvant suffire à faire l’état des tenants et aboutissants du cas de bien des états évoqués. De même, pourquoi l’usage au combat des F-16 israéliens fait-il partie d’un encart dans le chapitre de l’USAF ?
Une part conséquente du livre (14 pages) est consacrée aux profils. Cet exercice très difficile — nous ne le soulignerons jamais assez — n’a pas manqué de nous faire sourciller : un profil de la RoCAF est dédoublé et celui repris en couverture a quelques détails incorrects (à comparer avec le cliché p 18), tout comme « NASA 516 » (à comparer avec celui de la page 33).
En dépit d’un 2e tome consacré aux versions C et D, les débuts du F-16 sont un peu à l’étroit dans ce volume très abondamment illustré. Malgré quelques éléments perfectibles, voici une mise en appétit fort honnête sur la genèse et les premières versions d’un avion qui avait déjà marqué son époque avant le vol du premier avion de série et qui a eu depuis l’occasion de le confirmer maintes fois.
François Ribailly
80 pages, 20 x 24 cm, couverture souple pelliculée
150 photos environ, 56 profils signés Nicolas Gohin