Ce n’est pas une n-ième parution sur la gestion du vol que Pascal Berriot nous propose. C’est un véritable outil, qui peut s’avérer très utile à un pilote. Que dis-je un outil ? C’est une caisse à outils qui est mise à sa disposition ! Si l’élève-pilote trouvera ici illustrés et justifiés les exercices de pannes qu’on lui demande, si l’instructeur y ponctionnera avec plaisir un peu de substantifique moelle pour ses cours, c’est quand même au pilote breveté que l’auteur s’adresse principalement. En aéro-club, on connaît autour de soi ces pilotes qui, un jour ou l’autre, se sont retrouvés pris dans une couche nuageuse, ont pénétré par inadvertance une zone aérienne interdite, se sont retrouvés perdus dans la noria d’un aérodrome trop fréquenté par des pratiquants d’une discipline que l’on connaît moins*, ont connu une faiblesse moteur voire une panne en campagne, se sont égarés en vol, ont pu même se retrouver enfermés dans un cirque montagneux ou piégés par une dégradation des conditions météorologiques. On parle parfois d’eux au passé quand cela s’est mal terminé. On vante leur chance ou leurs mérites quand cela se finit un peu mieux.
Parfois c’est à nous même qu’une de ces situation délicate est arrivée, ou peut-être cela nous arrivera-t-il un jour ? Il est donc fondamental d’y avoir réfléchi, et l’ouvrage de Pascal Berriot va nous aider à le faire. Partant de situations accidentogènes en vol, il les décortique, les analyse, en présente les causes environnementales, humaines (mécanismes de la pensée et autres “facteurs humains”) et sociales, et, dans la mesure du possible, les remèdes. Cela peut être des pistes pour les éviter, pour s’en protéger et le cas échéant, pour les gérer au mieux. Il n’y a que quelques schémas dans l’ouvrage, mais l’auteur illustre son propos de multiples exemples tirés des retours d’expériences de la FFA* ou de la FFPLUM*, ainsi que des rapports d’enquêtes du BEA*. Ces références, ainsi que de nombreux autres documents d’une grande pertinence, sont accessibles par le biais d’une soixantaine de QR-codes qu’il faut lire avec un smartphone. Il faut noter que cette utilisation des QR-codes est remarquable, chaque code étant légendé dans le livre et donnant réellement accès à un document-source utile. Elle pourrait être donnée en exemple à d’autres auteurs que nous fustigeons à l’occasion quand ils font exactement le contraire.
Le texte est clair, la lecture en est agréable. L’auteur y glisse des métaphores très pédagogiques. On relève très peu de coquilles ou d’erreurs*.
On sent qu’il s’agit quand même d’un délicat numéro d’équilibriste : suggérer parfois de sortir un peu des sentiers battus sans pour autant pousser à prendre plus de risques, et les mentions de rappel aux références fondamentales (guide de l’instructeur, manuel de vol, etc.) sont nombreuses.
Un exemple du bon sens qui émane de ce livre ? Citons Pascal Berriot : « À constamment confier la gestion du vol à des systèmes performants et confortables, le pilote pourrait bien être en train de programmer sa propre obsolescence… »
À recommander, de toute évidence.
Jean-Noël Violette
192 pages, 17 x 24 cm, broché, couverture souple, 0,470 kg
Table des matières :
00 – Préambule
01 – Demi-tour sans référence visuelle extérieure
02 – Perte de contrôle en vol
03 – Perte de puissance partielle après décollage
04 – Objectif destination, ob-stination
05 – Manœuvrer en espace restreint et montagneux
06 – Atterrissage et amerrissage forcés
07 – Oublis à la visite pré-vol
08 –Situations conflictuelles dans les circuits
09 – Égaré en vol
10 – Panique en vol
11 – Conclusion
* J’ai adoré, pages 146 à 148, l’anecdote du pilote d’aéro-club provençal tentant de se poser successivement à St Auban-sur-Durance puis à Gap-Tallard en plein pic d’activités respectivement vélivole puis parachutiste. On s’y croirait…
* Organismes :
FFA : Fédération française aéronautique, qui regroupe les clubs d’avions
FFPLUM : Fédération française des planeurs ultra-légers motorisés, qui regroupe les clubs d’ULM
BEA : Bureau enquêtes analyses
* Erreurs dans la note (1) du bas de page 104 :
– Le VERDO ne vient pas de la FFVL (vol libre : parapente, deltaplane), mais de la FFVP (vol en planeur, anciennement FFVV pour « vol à voile »)
– Le titre exact du manuel est « École de vol à voile sur la campagne »