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Guide de Phraséologie du Pilote VFR

5e édition
Français-anglais
Christian Coulombe

La phraséologie aéronautique, c’est tout un art : il s’agit de transmettre le plus d’informations utiles possible, de manière absolument non-ambiguë, en un minimum de temps. L’utilisation d’une phraséologie appropriée est un facteur de fluidité et de sécurité incontestable dès que plusieurs appareils partagent le même espace, en particulier lorsqu’ils sont nombreux à arriver sur un aérodrome en même temps.

Mais avec l’évolution régulière de la réglementation, la phraséologie change également, et bien des pilotes peuvent avoir raté des épisodes dans les textes officiels, longs, complexes et incluant indifféremment les éléments dédiés à l’IFR et ceux concernant tout le monde. C’est donc tout l’intérêt d’un ouvrage dédié, mis à jour après la publication des SERA*, que de permettre aux pilotes VFR de faire le point, aux instructeurs de vérifier que le langage radio qu’ils enseignent est toujours correct, ou aux élèves d’avoir un pense-bête à potasser pour être plus à l’aise la prochaine fois qu’on les enverra en solo en région parisienne.

L’ouvrage, simple et clair, est basé sur des situations-types : départ et arrivé sur un terrain non contrôlé, AFIS ou contrôlé, transit, etc. À chaque étape, il présente un échange standard, du point de vue du pilote, assorti lorsque c’est utile de variantes, de remarques et d’explications. Dans la foulée, il offre le même échange en anglais, avec une liste de vocabulaire bilingue utile dans cette situation. L’ensemble est clair et pratique.

Las, l’ouvrage souffre de plusieurs petites approximations : par exemple, il utilise systématiquement « Fox » pour la lettre « F », alors que le terme officiel est « Foxtrot » — l’abréviation « Fox » est courante chez nous, mais il s’agit d’une déviation de la phraséologie standard contre laquelle un ouvrage comme celui-ci devrait justement mettre en garde. Par ailleurs, dans les informations météorologiques, il donne l’impression que le QFE est systématiquement fourni alors qu’il ne l’est plus depuis plusieurs années. Il y a également quelques erreurs de traduction (« roll » pour « virage » p.83) et les plus pinailleurs noteront que pour un vol de La Môle à Lyon Bron (exemple p.64), on doit utiliser un niveau de vol pair — le niveau 135 demandé dans l’exemple est dédié aux routes vers l’est.

Guide de Phraséologie du Pilote VFR
Guide de Phraséologie du Pilote VFR

Tant qu’à lire les SERA 14050, l’auteur aurait dû pousser jusqu’à la section 14055…


Plus gênant, Christian Coulombe reprend cette mauvaise habitude de certains pilotes d’utiliser un indicatif abrégé (« Fox Fox Juliet » au lieu de « Fox Bravo Tango Fox Juliet » par exemple) au premier contact. Non seulement c’est une déviation, mais celle-ci est expressément proscrite par les SERA, section 14055 b : « l’indicatif d’appel radiotéléphonique complet est utilisé systématiquement lors de l’établissement de la communication » et « un aéronef ne fait usage de son indicatif d’appel abrégé qu’à partir du moment où la station aéronautique s’est adressée à lui de cette manière.  » Il s’agit là d’une faute qui devra impérativement être corrigée au plus tôt !

Enfin, on restera un peu sur notre faim sur un point : ce Guide de phraséologie du pilote VFR ne s’adresse qu’aux pilotes volant en France. C’est un peu étonnant pour un ouvrage qui met autant l’accent sur le bilinguisme. Bien sûr, nulle part il ne mentionne les régionalismes utiles (tels que « ramp », largement utilisé en Amérique du Nord au lieu du standard « apron »), mais il n’indique pas non plus qu’au Royaume-Uni, un VFR est invité à préciser le niveau de service qu’il demande (Basic et Traffic sont les plus utiles, Deconfliction et Procedural se rapprochant du fonctionnement IFR où le contrôle assure la séparation). Cela pourrait pourtant être fort utile pour un pilote se rendant outre-Manche ! Notons également qu’aucun échange de passage de frontière n’est exposé, alors qu’il s’agit souvent d’un moment d’angoisse pour les pilotes, et les explications sur les classes d’espace aérien font l’impasse sur la classe B, très utilisée aux Pays-Bas.

Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : ce petit manuel peut être très utile pour ceux qui veulent se mettre à jour ou pour les élèves qui y trouveront une base à étudier. Il lui reste cependant de la marge d’amélioration et, tant qu’à faire lexique français-anglais, il devrait intégrer des exemples de vols internationaux — au moins en Europe. Pour la prochaine édition peut-être ?

Franck Mée


* SERA : Standard European Rules of the Air, procédure standard théoriquement appliquée dans toute l’Union européenne et la Suisse, mais cachant toujours des différences d’usage parfois sensibles d’un État à l’autre


96 pages, 17 x 24 cm, broché
0,300 kg

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Cépaduès

ISBN 978-2-36493-628-7

30 €