Épuisé
Bernard Bombeau, dont on lit depuis nombre d’années les chroniques dans Air et Cosmos, n’est pas seulement le journaliste qu’on connaît, mais encore un véritable passionné d’aéronautique et, on le sait moins, un excellent spécialiste des aéronefs à voilure tournante. Or, depuis plus de dix ans, il s’est patiemment attaché à réunir une somme considérable d’informations sur ce sujet, et à la synthétiser en un étonnant ouvrage :
Étonnant, d’abord, par son sujet : il s’ouvre sur les prémices même de la voilure tournante, et se termine avec les premiers hélicoptères « utilisables », venus au jour avec la Seconde Guerre mondiale. Un beau sujet, vaste, d’autant plus difficile que l’auteur a choisi de le traiter dans le détail.
Étonnant, ensuite, par son volume. Car le résultat est là… 360 pages en format 24 x 32 cm, avec 86 superbes illustrations dues au talent de Jean Noël, peintre de l’Air, de nombreuses gravures d’époque, 142 photos en grande partie inédites, plus de 500 personnes citées…
Étonnant, enfin, par son contenu. Disons-le clairement : combien d’érudits de l’aéronautique connaissent l’Aviateur, de Villard ? Qui a entendu parler de l’hélicoptère Nieuport de 1914, ou encore du Vuia de 1919 ?… Combien d’auteurs ont pu consacrer deux pages aux travaux de Vuitton, voire même s’intéresser de près à l’Hélicion de Perrin ?… Et puis il y a le parti pris esthétique. Car ce livre est aussi un beau livre, qui se feuillette avec grand plaisir. Non seulement les illustrations de Jean Noël apportent une incontestable plus-value documentaire, mais leur pouvoir évocateur incite à un nouveau regard sur des machines souvent improbables, que du coup l’on redécouvre, et leur confère une dimension plus poétique, non dénuée de romantisme.
Cet ouvrage va faire référence. Il fait à chacun des précurseurs et des pionniers la place qui lui revient, en ne tombant à aucun moment dans le piège du « précurseur méconnu », qui à entendre ses zélateurs serait le « père de l’hélicoptère ». Ce que Bernard Bombeau nous démontre dans ces pages, c’est effectivement qu’il n’y a pas de père de l’hélicoptère, mais un passionnant continuum historique, avec ses accidents, certes, mais aussi avec sa logique, ses voies sans issue et ses chemins de campagne. Il nous le fait visiter d’une plume talentueuse, au ton mesuré, facile à lire mais jamais simpliste, précise mais toujours captivante.
La surprise est décidément de belle facture. L’Union Française de l’Hélicoptère, qui prépare les célébrations du centenaire des premiers décollages humains de 1907, ne s’y est pas trompée en lui accordant le label Cent ans d’Hélicoptère… C’est inéluctablement le livre de l’année. Tous ceux qui aiment ce qui vole devraient le posséder.
Philippe Boulay
364 pages, 240 x 310 mm, relié + jaquette
– Coup de cœur de l’Aérobibliothèque 2006
– Prix Malfanti 2007 (Aéro-Club de France)
Cet ouvrage a reçu le label "100 ans d’hélicoptère" de l’UFH
