Longtemps parent pauvre des armées françaises, les Forces Spéciales ont véritablement pris leur essor après la guerre du Golfe et sont devenues aujourd’hui absolument indispensables et sont désormais utilisées très intensivement. Aucun engagement ne peut se faire sans impliquer ces unités qui, souvent, ouvrent les fronts avant l’arrivée des forces plus conventionnelles. Lorsque les troupes françaises ont débuté leur intervention au Mali, la première perte fut celle du Capitaine Damien Boiteux, pilote du 4e Régiment d’Hélicoptères des Forces Spéciales, normalement basé à Pau.
Quel autre outil que l’hélicoptère est à la mesure des missions de ces troupes particulières ? C’est la raison d’être du « 4 ». Apporter le soutien à ces forces. Soutien logistique grâce aux hélicoptères de manœuvre, soutien armé grâce aux Gazelle et aux Tigre. Voilà l’univers que Henri-Pierre Grolleau a réussi à découvrir pendant plusieurs semaines pour ce livre. Et pour parvenir à se faire accepter dans ces unités où le secret n’est pas un mot galvaudé, il faut être un professionnel reconnu, pour le moins !
Évidemment, avec des équipages au front un peu partout, et dans le contexte pesant de la France de 2015, il est très difficile de se lancer dans des révélations fracassantes sur les missions et les tactiques utilisées quotidiennement à l’entraînement et au combat pour d’évidentes raisons de sûreté. Le journaliste a donc porté son regard sur l’organisation du régiment, son recrutement, sa technicité, ses particularités, son entraînement, ses compétences. Ainsi, l’ensemble des larges capacités des pilotes, mais aussi des opérateurs techniques ou des tireurs embarqués sont passées en revue, histoire de donner une image assez fidèle de la nature particulière de cette unité. On y découvre quand même le rôle joué par le GIH lors des opérations post-attentats en janvier 2015 à Paris et la traque des auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo.
Côté iconographie, pas d’inquiétude, c’est du Grolleau ! Prises de vue embarquées impressionnantes, portraits bien sentis — les quelques images consacrées aux tireurs embusquées sont saisissantes — photos air-air, tout y est. Certaines sont même particulièrement spectaculaires et esthétiques, comme cette série de tirs nocturnes de missiles air-sol, ou ces Puma du GIH au-dessus d’Orly. On est dans les standards des très grands photographes aéronautiques.
Sans révélation fracassante, étant donné les limites qu’on imagine dès qu’on aborde les questions des tactiques et des opérations, ce livre, très réussi, s’avère un solide travail documentaire, clairement dans la ligne bien établie des précédents ouvrages de l’auteur.
Frédéric Marsaly
156 pages, 30 x 24 cm, reliure cartonnée
Avec l’aimable autorisation de
© Marines Éditions
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