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Hellship

Jared Muralt

La guerre du Pacifique, un équipage de B-25 Mitchell mené par un futur père et un actuel poivrot, un jeune mitrailleur débarquant pour sa première mission, un convoi japonais à bombarder : voici les ingrédients de Hellship, réalisé entièrement par l’illustrateur suisse Jared Muralt. Pour ce premier album, la volonté de faire une œuvre à la fois réaliste et complète est manifeste : l’auteur campe une galerie de personnages variés et prend soin de les présenter avant de les envoyer au combat, et le dessin a fait l’objet d’une recherche de détails appréciable.

La limite de l’exercice, c’est qu’il n’est pas simple de creuser son sujet en 43 planches. La mise en place tend du coup à s’éparpiller un peu, survoler trop d’éléments (les infirmières, le courrier, l’alcool, la rivalité entre équipages…) plutôt qu’en sélectionner un et l’approfondir réellement. Le finale de cet opéra en deux actes souffre de la même faiblesse : finalement, l’événement est narré, on sent la volonté de l’auteur de mettre en avant l’impact psychologique sur ses personnages, mais il ne parvient pas à prendre la place de réellement le mettre en valeur.

Sur le plan graphique, la mise en page et la colorisation rappellent un peu les œuvres de Mœbius, avec un traitement des ombres très légers, presque façon « ligne claire », ainsi que des arrière-plans détaillés et des reliefs hachurés. Sur une note plus critique, on remarque également quelques faiblesses de perspectives (la mise en route, p.25, donne l’impression que le cockpit est perdu au loin, alors qu’il était plutôt proche des hélices sur le B-25) et surtout un défaut de cohérence sur certains détails, en particulier l’inscription Lady Virgin du nose-art de l’appareil qui apparaît ou disparaît d’une case à l’autre, parfois sur la même planche !

Les habitués des mesures anglo-saxonnes seront également un peu surpris de voir le temps qu’il faut à un appareil lancé à 285 mph pour passer de 650 pieds de son objectif à 400 pieds : une planche complète, avec trois phrases, une mise à feu et une correction de tir, sépare les deux annonces de distance, lesquelles indiquent que l’avion a parcouru moins de cent mètres, soit à cette vitesse moins de huit dixièmes de seconde.

Dans l’ensemble, Hellship se lit agréablement et l’envie de bien faire de l’auteur est manifeste, mais les différents éléments du scénario auraient nécessité plus de développement, quitte à élaguer ou à prévoir plusieurs volumes ; le dessin pour sa part manque de maturité et de maîtrise pour totalement convaincre.

Franck Mée


48 pages, 24 x 32 cm, relié couverture cartonnée


Hellship
Hellship

Avec l’aimable autorisation de © Éditions Paquet

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Hellship
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Éditions Paquet

ISBN 978-2-88890-686-5

13,50 €