Quelles furent les causes de l’incendie du Hindenburg, fleuron prodigieux de la propagande nazie d’un Hitler mégalomane ? Les auteurs, Patrick Cothias et Patrice Ordas, nous livrent une version pour le moins originale dans un roman de science-fiction mêlée où s’affrontent des groupes d’hommes et de femmes « particuliers ».
D’un côté, les « méchants » composés d’une équipe de Chevaliers spirites, recrutés dans les milieux médiumniques et commandés par Heydrich, sont chargés d’unir leurs dons de télépathie et de télékinésie pour subjuguer les dirigeants américains et les convertir à la doctrine nazie.
De l’autre, les « gentils » qui sont les descendants d’Ahota, un vieil indien canadien parvenu en fin de vie, et doté des mêmes pouvoirs. En rêve, il voit une « araignée venimeuse » s’abattre sur le monde. Quelques années auparavant, il a sauvé de la mort Diane Hunter, une riche canadienne et lui fait promettre de retrouver ses descendants qui ont tous en commun de posséder des capacités supra-normales. Il s’agit donc pour elle de les réunir pour contrer l’Araignée. Le premier est un Munichois, architecte chargé de l’ameublement intérieur du Hindenburg. Le deuxième est un Espagnol récupéré à Barcelone en pleine guerre civile, la troisième est une prostituée parisienne dans une France en proie aux luttes intestines et où le Front populaire de Léon Blum se délite. La dernière est une jeune novice italienne, imperméable à la doctrine fasciste de Mussolini et dont la foi est si peu ardente qu’elle en jette sa cornette.
On voyage donc énormément, et même au-delà du réel, dans cet ouvrage de 400 pages dont les deux tiers sont maculées d’hémoglobine dans une Europe troublée par des événements précurseurs du chaos. Le quatuor de cousins ainsi réunis à New York va devoir déjouer les plans des Chevaliers spirites de Hitler embarqués à bord du Hindenburg.
Au début, j’ai eu du mal à accrocher, le temps de découvrir tous les personnages. Et puis, lecture aidant, j’ai établi un parallèle avec un film que j’avais visionné à plusieurs reprises tant il m’avait plu et marquée au début des années quatre-vingts : Scanners de David Cronenberg dans lequel l’acteur principal, Michael Ironside, parvenait, par la puissance de l’esprit sur le corps, à faire exploser la tête de son concurrent.
En définitive, les auteurs sont parvenus à réaliser un ouvrage qui se laisse lire aisément sans tomber dans le fantastique à outrance, au point que l’on serait tenté de pénétrer le corps et l’esprit des personnages. Une excellente fiction rédigée d’une écriture fluide et parsemée de faits historiques authentiques dont la fin tragique laisse présager une éventuelle suite… que je lirais avec grand plaisir.
Corinne Micelli
408 pages, 15 x 23,5 cm, broché