Soixante-dix ans après les raids nucléaires des 6 et 9 août 1945 sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki, tout n’avait-il pas été écrit sur le sujet ? Des hectolitres d’encre ont coulé, des heures et des heures de films, documentaires, émissions radio, etc. ont été consacrées aux deux bombardement atomiques, le Web regorge d’articles (plus ou moins contestables)…
La signature de Philippe Wodka-Gallien, auteur du remarqué Dictionnaire de la dissuasion (Marine Éditions 2011) est un gage de sérieux sur un sujet souvent maltraité (et mal traité), et celle des Éditions Ouest-France une indication sur le public visé par ce livre. Ces deux éléments nous laissent à penser que nous sommes en présence d’un ouvrage « sérieux » à destination d’un lectorat plutôt large, et à dire vrai, c’est le cas.
L’auteur embrasse un panorama très large, depuis les premières recherches théoriques sur la fission de l’atome et la course à l’arme atomique jusqu’ à l’actuel « tourisme nucléaire ». Il semblerait bien que la quasi-totalité des aspects du sujet soient abordés, bien évidemment de façon brève pour chacun d’eux (en 144 pages illustrées, il faut privilégier la concision). C’est l’une des caractéristiques de ce livre. Dans des chapitres parfois très courts (une ou deux pages), différents angles d’approche sont abordés, de la question de l’espionnage soviétique sur la base de Los Alamos à l’actuelle doctrine de la dissuasion en passant par l’évolution du Boeing B-29 et le cinéma. L’auteur, spécialisé dans les questions de stratégie, ne pouvait s’en tenir à une histoire qui prendrait fin avec la capitulation du Japon ; le tiers final de l’ouvrage est consacré à la période « post-Hiroshima » et aux nombreuses conséquences de ces événements essentiels du XXe siècle ainsi qu’à l’appropriation du phénomène nucléaire par la culture populaire.
On remarquera la brillante (et donc lumineuse) préface signée par le général Philippe Steininger, qui fut commandant des FAS*, à lire impérativement : avec une densité remarquable, elle donne le ton de l’ouvrage. Hiroshima et Nagasaki, notre héritage nucléaire est à prendre comme un ouvrage accessible, ouvrant de nombreuses portes au lecteur curieux qui souhaitera ensuite approfondir telle ou telle piste : une riche bibliographie est présente qui l’aidera à en apprendre davantage*.
Philippe Ballarini
144 pages, 19,3 x 25,8 cm, broché avec rabats
0,498 kg
* FAS : Forces Aériennes Stratégiques, composante aérienne de la dissuasion nucléaire.
* Nous vous suggérons la lecture de Truman et la bombe atomique (Nicolas Bernard), appendice d’un dossier paru dans Aerostories en 1999. Vous pourrez y entendre un extrait du discours du 9 août 1944 où le président Truman annonce et justifie l’utilisation de la bombe sur Hiroshima.