Tous ceux qui ont approché Bernard Marck vous le diront : outre une agréable bonhomie, cet homme-là est porteur d’une culture aéronautique époustouflante. Ajoutons à cela une puissance de travail certaine, une écriture d’une rare fluidité et une passion inextinguible pour l’histoire des gens et des choses de l’air, et vous comprendrez mieux ce personnage qui a produit quantité d’ouvrages remarquables (et souvent volumineux). Outre bien des biographies, il est l’auteur du nécessaire Dictionnaire universel de l’aviation (dont il serait bon qu’il soit réédité), outil de référence utilisé par de bien des passionnés et chercheurs, et son Histoire de l’aviation, dont la première version est parue en 1997 (rééditée en 2001), fait autorité. Comme il s’est passé bien des choses depuis 1997 et qu’une autre lecture a pu être faite d’événements anciens, il ne s’agit pas d’une « réédition », mais bien d’une « nouvelle édition » ; nuance de taille, car cela signifie que le texte a été retravaillé, avec des corrections, des modifications et des ajouts.
Reste que toute histoire de l’aviation, aussi volumineuse soit-elle, est le fruit d’une sélection d’événements et de l’organisation de ceux-ci en chapitres aussi équilibrés que possible, de même qu’elle ne saurait être qu’un amoncellement de faits sans liens entre eux. L’ouvrage se décline en treize chapitres, assortis d’un épilogue, depuis « De l’homme-oiseau au dirigeable » jusqu’à « L’espace ». Jusqu’à la fin de la Guerre froide, le déroulement est strictement chronologique, avec des découpages des plus classiques entre périodes de paix et périodes de guerre. À partir de la fin des années cinquante, l’organisation du livre change pour aborder une approche plus thématique : des chapitres particuliers sont dédiés à l’histoire de l’hélicoptère, aux avions de ligne, à l’aviation légère, à l’espace… Un découpage à ce point pertinent qu’on imagine avec difficulté comment se livrer à un autre agencement. Pas « d’excroissance », pas de chapitre super-vitaminé pendant qu’un autre serait cachectique : cette Histoire de l’aviation jouit d’une organisation harmonieuse.
On retrouve cette louable homogénéité dans la façon dont les sujets sont traités : la technique ne prend jamais le pas sur l’humain, non plus que l’humain (pourtant si important aux yeux de l’auteur) ne minimise la dimension technique. Les appareils ne volent qu’uniquement parce que des hommes ont créé des machines. Ces machines, quant à elles, ne prennent vraiment vie que grâce aux pilotes, aux équipages et aux équipes au sol. Nous ne reviendrons pas sur la plume si souvent louée de Bernard Marck, dont cette Histoire de l’aviation est le fruit d’une réelle et durable passion pour l’aéronautique et son histoire. Cet ouvrage est le digne successeur des livres de René Chambe et d’Edmond Petit… un certain équilibre et une touche personnelle en plus, sans compter l’actualisation si nécessaire à ce type d’ouvrage. Bien entendu, un ouvrage de référence tel que celui-ci n’aurait pas été complet sans sa bibliographie (quatre pages) ni les treize pages qu’occupent l’index des noms propres et celui des appareils;
Une Histoire de l’aviation que l’on prendra goût à lire, à étudier, à feuilleter, à consulter en musardant au hasard des pages. Une impression soignée sur du beau papier et une reliure qui permettra vraisemblablement d’en faire un usage intensif… au lieu de la laisser se pavaner sur une étagère. Ce livre de poids (près de 3,5 kg !) voit ses 616 pages illustrées d’environ 900 photos (en noir & blanc*), le tout sur un papier de fort grammage ; une authentique reliure cousue en garantit la robustesse et la longévité.
Philippe Ballarini
616 pages, 24,5 x 28 cm, broché
* Ce livre est proposé à 50 €, un prix modique compte tenu de l’épaisseur (plus de 5 cm) et du coût de la reliure. L’impression couleur aurait augmenté son prix de façon très significative, l’amenant à un prix bien moins abordable.
NDLR : Pour des raisons relevant des droits sur les images, il ne nous a pas été possible de reproduire des pages de cet ouvrage. Nous vous proposons en revanche la table des matières qui nous parait éloquente.
Avec l’aimable autorisation des
Éditions Arthaud
Avec l’aimable autorisation des
Éditions Arthaud