Heimdal regroupe en un seul volume les deux premiers hors-série du magazine Avions de combat, parus en octobre 2017. Le but est de donner une vision complète de tous les appareils ayant équipé quatorze escadres de chasse et une escadre de reconnaissance, depuis 1945. Chaque escadre est ainsi traitée sous la forme d’un texte synthétique rappelant ses grandes étapes, mais surtout par une quarantaine de profils couleur couvrant tous les appareils utilisés par les groupes et escadrons de l’escadre en question.
Les codes portés et les insignes, de l’escadre à l’escadrille, sont également présentés. Cette revue se veut d’autant plus complète que les appareils de liaison et les monomoteurs des EALA parrainées en AFN sont également figurés. Les photos couleurs et N&B ne manquent pas, le tout sur plus de 200 pages. Le tableau serait idyllique si seulement ce livre, par ailleurs élégamment fabriqué, ne souffrait de quelques défauts rédhibitoires. Tout d’abord, il apparait que l’auteur n’a pas su choisir clairement sous quel angle parler chronologiquement d’une unité : pour certaines escadres, le résumé historique remonte à l’avant-guerre et pour certaines, démarre à l’avènement de l’armée de l’Air reconstituée. Ainsi la 3e EC est dite « dissoute en 1940 et reformée en janvier 1944 », alors que la 3e Escadre d’avant guerre n’a rien à voir avec celle de l’après-guerre, les EC 1/3 « Navarre » et 2/3 « Champagne » étant respectivement GC I/4 et I/5 pendant la Seconde Guerre mondiale. Par ailleurs, pas de trace de la 50e EC de 1946, certes éphémère, mais bien réelle, ou encore l’EC 4/33 « Vexin », plus récente. On peut aussi s’interroger sur la présence du 3/11 « Corse » sur Mirage 2000 dans les pages de la « 11 », cet escadron n’ayant jamais appartenu à la 11e EC, si ce n’est pas analogie de numérotation. Certains insignes sont mal placés, manquants ou inexacts : le scarabée de la SAL 56 du « Lorraine » est représenté par celui de la 4B1 du GB II/25, une « tête de Furie » s’est indûment logée au « Provence », probablement à la place du tigre de la SPA 162 qui devrait y être … Il manque enfin la quasi totalité des insignes des « nouvelles escadres » (re)créées à partir de 2014. Les textes sont parfois approximatifs, voire inexacts et c’est dommage pour un ouvrage que les plus jeunes peuvent acquérir facilement et considérer comme une référence. On lit par exemple que « la 2e EC a été dissoute en mai 39, après la Campagne de France » ou encore, on n’échappe pas l’inévitable « régiment de chasse 2/30 Normandie-Niemen », une appellation qui n’a rien d’officiel, relayée par l’unité elle-même et certains ouvrages. La qualité de certaines photos est également décevante, prises en meeting, barrières en prime…
Reste le principal attrait de cet ouvrage, les 600 profils, « décorations spéciales » comprises, qui fourniront sans nul doute une source d’inspiration importante aux maquettistes. Mais encore là, on est parfois déçu par la taille inutilement réduite de certains avions, dont un Broussard de 11 cm seulement, avec pas mal d’espace perdu par la mise en page ; on remarque aussi les Mirage F1, au nez nettement trop « triangulaire » toutes versions confondues. Le principe de ce type d’ouvrages, à l’esprit pratique très anglo-saxon, est plus que louable et ces livres font encore grandement défaut en France, mais dans le cas présent, la réalisation ne paraît pas être à la hauteur de l’ambition affichée.
Bernard Palmieri
200 pages A4, relié
1,090 kg