Histoire des hélicoptères de l’armée de l’air

sous la direction de Michel Fleurence

C’est peu dire que de rappeler combien ce livre était attendu. Edité par l’Association Hélicoptères Air, il a été réalisé sous la direction du général (2S) Michel Fleurence. Il est donc probable qu’il sera perçu comme venant dans la continuité de son imposant travail sur l’Indochine. Cependant, ce nouvel ouvrage, bien que traitant d’un sujet beaucoup plus vaste et renfermant un volume d’informations assez exceptionnel, est nécessairement plus synthétique. Pour cela, il a bénéficié de la compétence et du talent d’autres intervenants. D’abord d’un coauteur, le colonel Bertrand Sansu, officier pilote d’hélicoptères, puis de divers contributeurs, dans la liste desquels on relèvera le nom du Médecin Général Inspecteur Valérie André, et celui de Gilbert Aubrée, auteur de deux études remarquables sur des sujets connexes. Enfin on notera une belle préface de la main du général d’Armée Aérienne Jean-Paul Paloméros, Chef d’état-major de l’Armée de l’Air.

On ne présente plus le général Fleurence. Le colonel Sansu, actuel chef de la Base aérienne 107, a auparavant commandé le Centre d’instruction des Equipages d’Hélicoptères (CIEH 341). C’est durant cette période que, chargé d’un amphi devant des personnalités et ayant trouvé dans les cartons du CIEH un fonds assez volumineux sur le sujet, il l’a mis en forme, et du coup s’est trouvé saisi par la passion pour l’Histoire des hélicoptères Air. Un domaine dans lequel il a manifestement acquis une véritable expertise, qu’il délivre avec une modestie toute aussi remarquable.

Mais qu’en est-il, plus précisément, de l’ouvrage ? Luxueux, bénéficiant d’une qualité reprographique impeccable, le travail des auteurs est présenté avec soin. Sa pagination, enrichie par de nombreuses photographies souvent inédites comme par les jolis profils de Patrice Gaubert et les insignes des unités très judicieusement reproduits, ne manque pas d’élégance et attire la lecture. On sent que le lecteur est attendu. Et c’est une bonne chose.

Le contenu n’est pas moins attractif. Les 668 pages du livre donnent place à trois parties principales, dont l’ensemble des interventions sont orientées chronologiquement. Succédant à un préambule sur l’Histoire générale des voilures tournantes, la première partie se met en place selon le déroulé des évènements internationaux qui ont influé et fondé l’emploi des autogires puis des hélicoptères dans l’Armée de l’Air. La deuxième partie traite de l’Histoire géographique des unités, alors que la troisième partie, avant de laisser place aux nombreux appendices, aborde les aspects plus techniques, comme l’adaptation des moyens ou l’évolution de la formation.

Le tout est traité avec le souci d’être complet. En fait, les sujets sont fouillés jusqu’au détail, mais sans trop de confusion, et le livre demeure très lisible. À défaut d’anecdotes, la restitution est nette, claire, et si l’on ne peut éviter de noter, par ci, par là, quelques petites pointes de chauvinisme « Air », la qualité générale du propos doit être signalée. Les tableaux ne sont pas rebutants, et parmi de nombreuses astuces de présentation on notera l’intérêt des remarquables synoptiques qui déroulent sur un triptyque la frise chronologique des unités, des opérations et des appareils

On pourrait certes relever les quelques erreurs ou approximations que ce livre n’évite pas ; mais considérant le volume d’informations délivrées et leur qualité, on en absoudra bien volontiers les auteurs. Cependant… le terreau combien légitime de ce livre, ce sont les hommes. C’est pourquoi l’on nous permettra quand même de regretter que le nom de l’homme qui fut, sous les ordres du lieutenant Santini, le deuxième pilote d’hélicoptères de l’Armée de l’Air, accomplissant les mêmes missions dans les mêmes conditions pendant près d’un an (40 missions, 2 citations) et recueillant l’honneur d’avoir été le premier pilote d’hélicoptère à assurer le sauvetage d’un pilote d’avion de combat abattu, n’y soit pas cité à la hauteur de son action. Cet homme, c’était le sergent Louis Raymond Fumat.

Cela dûment souligné, cette Histoire des hélicoptères de l’Armée de l’Air demeure un livre excellent, au contenu abordable par le plus grand nombre. Et puis, dans ce pays qui peut-être n’existerait pas vraiment sans le souffle immense du monde associatif, il convient de saluer tout particulièrement l’effort consenti par l’Association Hélicoptères Air, qui s’y est investie dans la profondeur, et sans laquelle il est probable qu’il n’eût jamais vu le jour.

Philippe Boulay


668 pages, 18 x 25 cm, reliure cousue, couverture cartonnée toilée + jaquette

En bref

AHA

ISBN : 978-2-7466-3439-8

50 € 25 €