Dans l’introduction de ce numéro d’Icare qui se veut à juste titre aussi peu polémique que possible sur un sujet difficile, Jean Pinet résume fort bien la question du « dossier » Clément Ader : personnage attachant par son aspect inventif, clairvoyant, voire visionnaire, Ader agace néanmoins par son goût du secret qui sema le doute.
Paru en 1990, ce numéro pose de judicieuses questions autour d’un centenaire. Rappelant à juste titre le voyage de Charles sur le premier ballon à gaz, aérostat qui aura une nombreuse descendance alors que les montgolfières attendront deux siècles pour une renaissance limitée à un usage de loisirs, Jean Pinet établit un juste parallèle :
« (…) De même en 1903, après Clément Ader, les frères Wright faisaient voler un appareil qui préfigurait une suite d’engins très opérationnels.
On fête les frères Montgolfier, on ne fête pas Charles.
On fête les frères Wright, on ne fête pas Ader.
C’est là où réside l’opposition. »
Effectivement, la logique voudrait que si l’on fête les Wright, on fête Charles… et que si l’on fête les frères Montgolfier, on fête Ader.
Pour ce dossier Ader, deux éclairages résolument différents et complémentaires, par deux membres de l’Académie Nationale de l’Air et de l’Espace.
Le général Pierre Lissarrague, dans le chapitre Les avions d’Ader, s’intéresse de près au personnage Clément Ader, à sa psychologie et à son implication dans son siècle, sans toutefois négliger une passionnante rétrospective des appareils et études de « l’inventeur d’avions« .
L’approche de l’ingénieur général Jean Forestier est radicalement différente, faisant abstraction du personnage pour se centrer sur le factuel et sur l’environnement technique de l’époque.
Pour une approche sans parti-pris, dépassionnée et équilibrée du « cas Ader », ce document, doté d’une très riche iconographie, nous paraît être un outil de qualité.
Ph. Ballarini
154 pages, 24 x 32 cm