Le précédent numéro d’Icare nous présentait, année par année, les Morane-Saulnier, de 1910 à 1918. Avec ce numéro 127, les « Princes du Parasol » en sont devenus les « Rois ». Les appareils, leur carrière, les événements auxquels ils sont liés nous sont présentés de 1918 à 1968.
Voilà le deuxième volume consacré à l’histoire de Morane-Saulnier. Après un essor régulier tout au long de la guerre, la firme est frappée par l’arrêt brutal des commandes militaires. Les tentatives de vente des surplus de matériel aéronautique à l’étranger, notamment en Amérique du Sud, se révèlent décevantes et l’Aéronautique militaire est amplement pourvue d’avions pour des années.
D’autant plus que la position subalterne de la firme pendant la guerre semble due à l’accumulation de plusieurs facteurs qui l’ont progressivement déconsidérée vis-à-vis des militaires :
– Le 23 juillet 1915, le chef d’escadron Faure, détaché à la 12e Direction (Aéronautique), représentant de l’aviation aux armées, déconseille au Service Aéronautique du GQG l’adoption du Morane BB : « qui présente au point de vue construction, les mêmes inconvénients que ceux souvent reprochés aux monoplans de même marque : abus de la soudure autogène dans une mesure dangereuse ».
– Le type L a laissé le souvenir d’un avion dangereux (Bellanger, début 1916).
– Capacité de production limitée, pour partie absorbée par des modèles non destinés à l’Aéronautique française (N, V, I, BB).
– Echecs des bimoteurs malgré des tentatives.
Et pour finir les accidents des MS Al reléguant Morane à la production d’avions école.
Un échantillon d’opinions sur les Morane en 1915 :
– Note CQG/ 1er avril 1915 : « La vitesse de cet appareil (125 km/h) est insuffisante – d’un autre coté, il est relativement délicat à piloter ».
– Le Major Général Pelé, le 16 juin 1915, « maintient demande remplacement intégral des escadrilles Morane par escadrilles Nieuport ».
– Le Cne Rolland, adjoint technique de la 3e Armée, le 23 juin 1915 : « Cet appareil, de construction très soignée, a donné toute satisfaction à l’Escadrille 37 ».
– CQC, Rapports des adjoint techniques, 7 juillet 1915 : « Le montage du moteur est défectueux, les rechanges ne s’adaptent pas toujours ».
Les premiers pas de l’aviation commerciale se feront sans les avions Morane-Saulnier, et ce sera dans le domaine des avions d’entraînement que la firme se hissera à une place de premier plan. L’approche de la deuxième guerre mondiale la fera revenir à la production d’une série d’avions de chasse modernes, les Morane 406, qui seront le fer de lance de l’Armée de l’Air dans le début du conflit. Comme ils se révéleront inférieurs aux Messerschmitt, après juin 1940, ce sera dans le parc des avions d’entraînement de la Luftwaffe et dans les forces aériennes de pays alliés de l’Allemagne, comme la Croatie, qu’ils seront utilisés. Par contre, le Morane 406 connaîtra un bel essor dans l’aviation militaire suisse grâce à l’adoption de nouveaux moteurs. C’est d’ailleurs un Morane « suisse » qui est présenté à la grande fête aérienne de la Ferté Allais.
Après le conflit, ce sera encore avec des avions d’entraînement que Morane-Saulnier tiendra le haut du pavé, d’abord avec les Morane 472 et 475, puis les Morane 733 et surtout avec un avion tout à fait remarquable, le quadriplace Rallye qui depuis plus de 50 ans fait le bonheur de pratiquement tous les aéro-clubs français.
Éditorial de François Rude
Sommaire :
– Éditorial (F. Rude)
– Morane-Saulnier : les rois du Parasol [1918-1968] (V. Ferry)
Première période : 1918-1920
Deuxième période : 1930-1940
Troisième période : 1940-1968
– ASF : 30 ans d’Aviation Sans Frontière (F. Rude)
– In memoriam (F. Rude)
– Les livres (F. Rude)
200 pages, 24 x 32 cm, dos carré