Dans le paysage aéronautico-éditorial, Icare fait figure de curiosité. Pas tout à fait un livre, mais davantage qu’un magazine, il n’en est pas moins un périodique qui, au-delà de son aspect luxueux, propose régulièrement un contenu d’un très grand intérêt. Je souhaitais attirer votre attention sur l’excellence de ce numéro 218 essentiellement consacré à la CAF (Compagnie Aérienne Française). Un article tant volumineux que remarquable, signé Robert Espérou, vous présente cette compagnie dont on ne parle quasiment jamais. Ensuite, vous régalerez comme moi avec les extraits (traduits par Henri de Malleray) du récit de Jack Bamford, dont la carrière commença en 1920.
PB
Grâce à Robert Espérou, ancien de la direction de l’aviation civile, grand spécialiste de l’histoire du transport aérien français, nous allons faire la connaissance de la CAF, la Compagnie aérienne française qui fut pratiquement la première entreprise principalement consacrée aux vols à la demande, allant, au fil des années, exercer son activité aussi loin qu’en Indochine et au Canada. Dans ce pays, s’illustra un personnage hors du commun : Jacques de Lesseps, pionnier de l’aviation avec la deuxième traversée de la Manche et pilote de bombardement pendant la Première Guerre mondiale.
Nous avions déjà évoqué sa mémoire dans notre numéro 166, sous la plume du regretté Émile Pério.
Puis nous vous présentons le récit d’un autre pionnier, Jack Bamford, qui, âgé de vingt ans en 1920, entra chez le constructeur britannique Handley Page qui venait de créer sa compagnie aérienne avec ses bombardiers produits pendant le conflit et modifiés pour le transport de passagers. Peu après, il fut engagé par la Compagnie des messageries aériennes, la CMA, qui reliait le Bourget à Croydon, en concurrence avec une autre société française, les Grands express aériens (GAE).
CMA et GAE devaient bientôt fusionner pour devenir Air Union. Cette compagnie allait, en 1933, devenir un des principaux composants d’Air France aux côtés de Air Orient de Maurice Noguès et de la Compagnie générale Aéropostale de Marcel Bouilloux-Lafont. C’est sous les couleurs de la nouvelle compagnie qu’il allait travailler jusqu’à son départ à la retraite.
Nous sommes très reconnaissants à l’Amicale d’Air France, éditeur du livre de Jack Bamford, Croissants at Croydon de nous avoir permis d’en tirer ces extraits.
D’autre part, dans ce numéro, nous inaugurons une nouvelle rubrique, dirigée par Robert Galan, expert en aéronautique, ancien pilote d’essais et pilote de ligne à UTA puis à Air France, qui commentera et analysera pour nous des accidents aériens qui ont marqué ces dernières années.
Je profite de cette tribune pour saluer un ancien ami et collaborateur occasionnel d’Icare qui vient de disparaître. Ronald Davies, pour nous toujours Ron, est né en 1921. Après une carrière dans l’administration et l’industrie aéronautique en Angleterre, il avait rejoint la firme Douglas en 1968. À la retraite, en 1981, il était entré au National Air and Space Museum de Washington DC comme conservateur en charge de l’histoire du transport aérien. Sur ce sujet, il a publié plus de vingt ouvrages qui font référence, souvent illustrés de cartes de réseaux qu’il adorait dessiner lui-même. Il y a deux ans, il avait quitté les États-unis pour rejoindre son pays natal.
Éditorial de François Rude
Sommaire :
– Éditorial (F. Rude)
– Une compagnie pas comme les autres : la C.A.F. (R. Espérou)
– De Handley Page à Air France, via la Compagnie des Messageries et Air Union (J. Bamford)
– Analyses d’accidents (R. Galan)
– Pilotes de transports aériens face à l’imprévu
– Les livres (F. Rude)
176 pages, 24 x 32 cm, dos carré