« Trente-sept petites minutes d’un grand saut au-dessus de la Manche,à 74 km/h de moyenne, le font entrer de son vivant dans la légende de l’aéronautique. »
L’apogée de l’épopée de Louis Blériot se trouve ainsi résumé dans cet exploit connu de tous, et dont nous venons de fêter le centenaire le 25 juillet 2009. Alors, direz-vous, un livre de plus sur cette traversée déjà faite et refaite maintes et maintes fois ? Eh bien même si le geste centenaire reste la clé de voûte de l’ouvrage, Henri Charpentier s’est évertué à raconter pas à pas le long chemin tortueux que traça ce rude tempérament picard, quelque peu bourru mais ô combien décidé à accomplir son rêve d’Icare : voler.
C’est en s’appuyant sur une fortune gagnée avec les phares à acétylène — pour lesquels il fut également un précurseur — que Louis Blériot put déployer les ailes de son génie inventif.
S’attachant avant tout à retracer le labeur opiniâtre d’une oeuvre aéronautique sans cesse remise en question par des échecs successifs, l’auteur s’attelle à retracer, depuis son parcours à l’École Centrale, les efforts de celui qui fut surnommé « l’homme qui tombe toujours » ou encore « le roi de la casse » par une presse ne se faisant que l’écho du sens ascensionnel inversé !
Le pragmatisme de l’expérience et la technique créative l’emportèrent finalement pour aboutir à ce premier assemblage européen que fut le Blériot XI de la traversée de la Manche, et dont Louis Blériot fut le chef d’orchestre. En effet, l’aéroplane de l’exploit, bien que conçu et charpenté en France, était mû par un moteur réalisé par un Italien et, élément moins connu, était enrobé d’un entoilage allemand Continental dont l’auteur explique avec précision les motifs du choix.
La réussite de cette traversée aérienne valut au Blériot XI d’être construit à près d’un millier d’exemplaires en quelques années, et de propulser enfin Louis Blériot vers une réussite financière tout autant qu’aéronautique, laquelle ne se termina qu’avec son décès en 1936.
Malgré un aspect technique souvent inédit, le livre aurait gagné à une relecture finale, car il subsiste quelques erreurs de légendes et de références, mais l’ouvrage n’en reste pas moins un bon témoignage de réussite, parfaitement illustré dès la première page par cette citation de Winston Churchill qui résume l’oeuvre d’une vie : « Le succès, c’est d’être capable d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme. »
Thierry Matra
192 pages, 16 x 24 cm, couverture souple
0,376 kg