Ce livre n’est pas à proprement parler un livre d’aviation. Il faut le considérer comme un livre sur des aviateurs, retirés violemment de leur « milieu ambiant », et plongés malgré eux dans des lieux et des circonstances auxquels ils n’étaient évidemment pas préparés.
Ces dix-sept aviateurs alliés, neuf Américains, quatre Britanniques, trois Canadiens et un Australien, sont tous des survivants. Quelques uns volaient ensemble quand leurs avions respectifs ont été abattus sur le continent, d’autres sont les seuls évadés parmi les membres de leur équipage. Rien que cela est déjà un traumatisme. Puis ces hommes ont rejoint, par des chemins détournés, le maquis du mont Mouchet, dans la forêt de la Margeride. L’auteur, Claude Grimaud, écrit dans son avertissement qu’il s’agissait du deuxième plus grand rassemblement de maquis en France. Vivant personnellement dans une région où ce type d’activité était impossible vu la densité de l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, la Résistance prenant d’autres formes, tout aussi actives, j’aurais apprécié une succincte présentation et plus de précisions sur ce sujet, ne voulant pas acheter un autre ouvrage.
Cela dit, l’auteur, toujours dans son avertissement, précise, à bon escient : « … chacun de ces aviateurs était originaire d’un pays non occupé où les modes de vie étaient très différents de celui des peuples vivant sous le joug nazi. À la barrière de la langue s’ajoutait le choc des cultures et la découverte de ce que l’humanité peut renfermer de meilleur et surtout de pire. »
Le premier chapitre commence au 11 juin 1944, quand la bataille du mont Mouchet est perdue et que les aviateurs alliés n’ont d’autre alternative qu’évacuer. Puis le livre part en flash-back pour expliquer, homme par homme, les circonstances particulières de leurs trajets depuis la mission fatale, à travers la France occupée, pour finalement arriver dans ce maquis. Et poursuit finalement avec les différents trajets des groupes d’aviateurs après en être part.
Si les illustrations sont peu nombreuses et de petite taille, l’auteur a réalisé des schémas montrant le trajet de ces aviateurs, ce qui est très didactique. Les références des archives utilisées (notamment les rapports d’évasion venant des archives nationales américaines ou anglaises) ne sont malheureusement pas données. Seul le nom du service d’archive est mentionné. Pourtant les emprunts à ces evasion reports sont conséquents !
Le livre est très agréable à lire, le langage est fluide, le papier de qualité (ce qui fait regretter l’impression trop petite des photographies). J’y ai personnellement appris des choses, y ai trouvé des anecdotes similaires à ce qu’ont vécu d’autres évadés cachés dans ma région, d’autant plus que 2 des 17 y sont tombés à l’origine, et un troisième l’a traversé en venant de Belgique, mais le pinailleur qui sommeille en moi aurait préféré un peu plus de détails par endroits. J’avoue néanmoins être un lecteur exigeant, surtout dans des domaines que je connais un peu. Ce livre mérite tout à fait sa place dans toute bibliothèque consacrée aux aviateurs abattus, aux filières d’évasion, à la Résistance et aux maquis, et bien sur celle des lecteurs de la région considérée.
Jocelyn Leclercq
144 pages, 16 x 24 cm, broché