Il fallait bien trouver un coupable à l’incroyable défaite de l’armée française en 1940. Pour les magistrats soumis au maréchal Pétain, ce ne pouvait être ni la Marine, ni ― bien évidemment ― l’Armée de Terre. Le coupable fut désigné par Vichy : l’aviation avait failli. De là naquit la légende noire d’une Armée de l’Air absente du ciel français, légende que malheureusement la propagande vichyste installa dans les esprits. Ainsi, plusieurs décennies après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’idée était répandue que les aviateurs n’avaient quasiment pas combattu une Luftwaffe plus déterminée.
Paul Martin aurait pu se contenter d’une plaidoirie cocardière ; il s’est livré à un exercice infiniment plus convaincant : il prouve, à la suite de recherches opiniâtres qui s’étalèrent sur une vingtaine d’années, que non seulement l’Armée de l’Air avait fait preuve de vaillance, mais qu’elle avait fait plier le genou à une Luftwaffe qui se retrouva sérieusement affaiblie après la campagne de France de 1940. Le livre est construit sur le mode d’un journal où figurent les interventions des différentes unités, ceci assorti de détails tels que certains épisodes circonstanciés, ainsi que les pertes en matériel et en personnel. C’est donc un ouvrage de référence sérieux qui nous est proposé ici, enrichi de témoignages.
Les annexes sont pour le moins copieuses (plus de 200 pages) où l’on trouve des tableaux et des listes : appareils de l’Armée de l’Air abattus au combat ou par accident, état des pertes par type d’appareil, pertes humaines, victoires homologuées… Trois cahiers photo (dont un en couleur) viennent enrichir ce volume.
On le comprendra, ce livre est un outil de première force pour qui souhaite sérieusement étudier la campagne aérienne de 1940. Une polémique existe néanmoins quant au rôle de l’éditeur Yves Michelet qui estime qu’il a considérablement enrichi l’ouvrage par ses nombreux ajouts, quand d’autres considèreront qu’il l’a inutilement alourdi de considérations personnelles sans réel intérêt.
Philippe Ballarini
520 pages, 16,2 x 25 cm, relié + jaquette
1,048 kg
– Préface du général Jean Accart
NDLR : Ce livre est paru en 1991. Dix années plus tard, Paul Martin se tournera vers Aéro-Éditions pour une nouvelle présentation de son étude : Ils étaient là.