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Jaco le magnifique

Journal d’un pilote de la France Libre
Général Jacques Andrieux

Ce livre nouveau n’est pas un nouveau livre : à l’initiative de l’auteur (décédé en 2005) et avec l’aide de Many Souffan, c’est la réédition de Le ciel et l’enfer, publié en 1965. Il est vrai que le titre différent pourrait faire croire à un recueil de souvenirs inédits que le général Andrieux aurait conservé dans un tiroir jusqu’à maintenant, mais il n’en est rien. On peut d’ailleurs s’interroger sur l’intérêt de changer le titre, mais Many Souffan (avec l’accord de l’auteur) argue du fait qu’on poserait ainsi un nouveau regard, plus extérieur, sur ces souvenirs … Avec ce titre, c’est une volonté délibérée de montrer l’auteur sous un jour proche et humain, presqu’amical, comme le fut souvent Jacques Andrieux avec son entourage. Heimdal, à son habitude dans sa collection « Les ailes de l’Histoire », a par ailleurs agrémenté l’ouvrage d’un cahier photos (proprement reproduites) de 22 pages, ainsi que de deux pages de profils couleur dus au talent de Vincent Dhorne.

Tout doute étant levé, disons tout de suite qu’il n’est pas inutile, en 2018, de rééditer un tel ouvrage, en particulier pour les plus jeunes d’entre nous que rebute la recherche de vieux ouvrages et leur acquisition, même si le prix en est souvent modique. D’ailleurs, on se rappelle que Le Grand cirque a été de nombreuses fois réédité, et même refondu dans sa parution de 2000. Avec Jaco le magnifique, on possède ainsi un témoignage de premier ordre, comparable aux souvenirs de Clostermann, sur ce que fut la vie d’un pilote de la France Libre, de son évasion de France par la mer en décembre 1940, au poser de son Spitfire à Lingen, en Allemagne, cinq ans plus tard.

Que de chemin parcouru entre temps, itinéraire passant par le débarquement à Dieppe en 1942 ou la chasse aux V1 qui s’abattent sur le Royaume-Uni en 1944… Même si Jacques Andrieux n’aligne « que » six victoires aériennes (et deux navires coulés !) au sein de la RAF, son parcours le rend exemplaire à plus d’un titre, salué par 14 citations : la RAF ne s’y trompera pas durant la guerre, lui confiant des responsabilités croissantes et l’armée de l’Air non plus, honorant sa mémoire en donnant son nom à la promotion 2008 de l’École de l’air. Compagnon de la Libération, commandant le 341 Squadron « Alsace » pendant près d’un an, Andrieux ne parle pas que de lui dans ses souvenirs, même s’il aurait pu légitimement s’y attarder : nombre de camarades tombés au combat, français comme alliés, dont Jean Maridor, sont largement évoqués, mais aussi des « gens de l’ombre » dont l’action demeura indispensable au bon fonctionnement de la RAF, telle la WAAF M.I. Morton, aide-mécanicienne. Il évoque aussi l’ennemi, dont Alfred Fuchs, un pilote qui déserte et se pose en Grande-Bretagne avec son Fw 190, par dégoût de la guerre.

Le texte demeure dans un style vivant, truffé de transcriptions directes et authentiques d’échanges sur les ondes ou entre camarades, en anglais, très apte à rendre l’ambiance des opérations d’un terrain de chasse ou des missions en vol. On a parfois du mal à quitter le récit, même momentanément … Sept pages de lexique et de notes complètent le texte, préfacé par Joseph Kessel. Trois cent cinquante pages denses et vivantes, à lire ou à relire, sans restriction.

Bernard Palmieri


350 pages, 15 x 21 cm, broché
0,560 kg

En bref

Heimdal

ISBN 978-2-840-48500-1

19,50 €