En 1993, le Service Historique de l’Armée de l’Air (SHAA), ancêtre du SHD-Air, publiait un drôle de petit livre, Jaguar sur Al Jaber signé Alain Mahagne. À cette époque, les récits de pilotes de chasse français contemporains étaient très rares et le récit de Mahagne connut donc un vif succès. Il faut préciser qu’il y avait de quoi : Mahagne a fini la Guerre du Golfe avec un « pet’ au casque »… Pas de trivialité dans cette expression, c’est une balle de AK-47 qui est venu transpercer son couvre-chef, le blessant sévèrement. C’était au cours du désormais légendaire raid des Jaguar de la 11e Escadre contre la base d’Al Jaber, au Koweït, le 17 janvier 1991 qui marqua l’ouverture d’une offensive aérienne unique dans l’histoire. Au cours de cette mission, un autre avion a été durement touché, le Jaguar A91 du capitaine Hummel qui est rentré à sa base avec un moteur en feu et qui fut conservé en l’état comme relique, faisant au passage entrer le Jaguar dans la légende.
Pour la première fois, un pilote de chasse français engagé dans une mission de guerre passait au confessionnal. En un peu plus d’une centaine de pages, l’auteur couvrait son histoire, de l’invasion du Koweït jusqu’au moment où il retrouva son aptitude chasse à laquelle il tenait, ce un certain temps après sa mésaventure moyen-orientale. Il nous détaille au passage, outre l’attente et les préparatifs de ce qui va devenir la Guerre du Golfe, cette fameuse mission, son déroulement et les différentes péripéties, parfois graves, qui l’ont émaillée. Grâce à la robustesse du Jaguar, cette histoire s’est finie convenablement, mais il s’en est fallu de vraiment peu.
Ces évènements ont eu lieu il y a désormais un peu plus de vingt ans. Le capitaine Mahagne, pour célébrer cet anniversaire, publie une nouvelle édition de son récit. Si l’ouvrage est désormais proposé avec un format un peu plus petit, avec une structure logique et des chapitres bien nommés, le texte diffère peu de l’original. Cette fois-ci, les quelques photos, au lieu d’être regroupées en cahier central, se retrouvent au fil du texte. Finalement, Jaguar sur Al Jaber nous revient avec un tarif que nous pouvons qualifier de raisonnable ; si vous l’avez manqué à l’époque, vous pouvez donc combler cette lacune, étant donné l’intérêt de ce témoignage, franc, sincère, sans emphase, parfois un peu austère quand même ; vous n’aurez pas à le regretter !
Frédéric Marsaly
130 pages, A5 (14,8 x 21 cm), broché dos carré
Préface du général Lucien Robineau, directeur du SHAA
– Nouvelle édition. Première édition : Service Historique de l’Armée de l’Air 1993.