C’est sûr, Neil Williams a bien eu neuf vies et peut-être même un peu plus. Pilote de chasse, d’essais, champion de voltige, présentateur en meeting, il a fait à peu près tout ce qu’il était possible de faire avec un avion. S’il a disparu voici maintenant bientôt 35 ans, le souvenir de cet aviateur hors du commun a perduré jusqu’à nous, surtout en Grande-Bretagne, par le biais de ses livres et des quelques articles qu’il avait publiés dans la presse de l’époque. Sa légende, puisqu’il faut bien employer ce mot, tient surtout à un exploit absolument hors du commun lorsqu’il a ramené au sol son Zlin en vol inversé alors que l’aile s’était repliée et menaçait de rompre.
Neil Williams a donc couché sur le papier le souvenir de quelques-uns de ses vols les plus marquants, dont la fameuse histoire du Zlin, et il va sans dire que n’importe quel aviateur d’aujourd’hui aimerait goûter à l’esprit aventureux (qui a dit « inconscient » ?) de cette époque bénie. Pensez donc, sauter d’un Spitfire dans un Sea Fury, présenter en meeting des avions aussi variés que le Pitts, le Zlin, le Falcon 20, le Bücker et quelques vieilleries antiques absolument exceptionnelles. On savourera avec une certaine surprise comment ce garçon s’est lâché lui-même sur Mosquito et les quelques frayeurs qu’il a pu se créer à bord de cet avion mythique pas aussi facile qu’on le pense, de même qu’on rira avec lui de la façon de convoyer un vieux DH-53 sur 95 km afin que ça puisse prendre six mois !
Quelques lignes absolument surprenantes nous racontent un des avions les plus compliqués qu’il ait eu à piloter, en l’occurrence le CASA 2.111, version espagnole du Heinkel He 111, pages d’autant plus ironiques que c’est précisément sur cet appareil qu’il trouvera la mort en Espagne en décembre 1977.
Traduction de son livre « Airborne » publié quelques mois avant son décès, agrémentés de textes inédits issus des colonnes de « Pilote », J’ai eu neuf vies est un solide recueil d’anecdotes aéronautiques absolument ahurissantes pour le lecteur de 2011. Le seul reproche tiendrait juste sur le choix du titre de la version française qui pourrait porter à confusion avec le « Nine Lives » du pilote de chasse Alan Deere et qui n’a absolument rien à voir avec cet ouvrage-ci.
Frédéric Marsaly
286 pages, format 15 x 24 cm, couverture souple