Nos grands as méritent bien une biographie. Celle de Jean Casale est à l’image de sa vie : courte.
Découpée en chapitres distincts, elle débute par la naissance de Jean-Hyacinthe Casale, le 24 septembre 1893, un « maschiu », ainsi que le proclamera la sage-femme chargée de délivrer Rose, la mère, qui avait précédemment accouché de deux filles à un âge où, à l’époque, les femmes étaient déjà grand-mères. D’où le soulagement d’Albert, le père, qui assure ainsi la prospérité du nom des Casale, pourtant déjà bien ancré dans une Corse où sévit depuis longtemps la fameuse « vendetta » dont seront victimes des proches.
Le gamin vit une enfance choyée au sein d’une famille de notables, s’adonnant au sport, s’intéressant à la mécanique et à l’aviation naissante. Les exploits des pionniers parviennent par voie de presse jusque dans son village. Quand arrive l’heure de servir sous les drapeaux, Papa Casale fait jouer ses relations pour que son fiston ne soit pas considéré comme un simple fantassin. Aussi est-il versé dans la cavalerie, arme essentiellement réservée à la noblesse ou à la bourgeoisie. Il est affecté au 8e régiment de chasseurs à cheval le 26 novembre 1913. Le 19 août 1914, Jean Casale est blessé à la cuisse alors que la guerre entre dans sa troisième semaine. Les médecins militaires le renvoient dans son village natal, le temps de sa convalescence.
À son retour un mois plus tard, il apprend que l’état-major demande des volontaires pour l’aviation. Pégoud, Heurtaux, Nungesser, Charles de Rose et bien d’autres ont délaissé la cavalerie au profit de l’aéronautique depuis que celle-ci a joué un rôle prépondérant dans la victoire de la Marne. Après 25 heures de vol, Casale obtient son brevet de pilote militaire sur un Maurice Farman, un « exploit » très vite relayé par le Petit Bastiais, gazette qui relate les événements concernant bien évidemment les enfants du pays. Il est affecté à la MF 8, une escadrille chargée de l’observation, aux côtés de Jean Navarre et du Corse Georges Ortoli. Le 8 juillet 1915, il abat un Drachen et reçoit, pour cette action d’éclat, sa première citation. Cinq mois plus tard, il troque ses fonctions d’observateur pour celles de chasseur en intégrant l’escadrille N23. Sacrifiant au rituel des emblèmes personnalisés, Casale opte pour « Le Corse » qui se transformera plus tard en « Vendetta Corsa » sur son Spad.
Il termine la guerre avec 12 victoires homologuées puis se lance, comme bon nombre de ses camarades démobilisés, dans les meetings aériens et les compétitions. Il participe également à l’étude des vols aéronautiques et de leur influence sur l’organisme humain. Par simulation, il atteint l’altitude de 12000 mètres sans malaise. À partir de cette expérience et en fonction des résultats obtenus, naît la première cabine pressurisée. Le 1er juin 1923, à bord d’un quadrimoteur de transport Blériot, il remporte le record du monde d’altitude en s’élevant à 5600 mètres avec la charge de 1000 kg. Il meurt 22 jours plus tard sur ce même avion.
Cet ouvrage sur Jean-Hyacinthe Casale est plus un survol qu’une véritable biographie. Il manque trop de détails pour nous permettre d’estimer le pilote à sa juste valeur. Aucune information sur ses classes dans la cavalerie. Nous aurions aimé quelques détails sur sa technique de chasse, sa vie au sein des différentes escadrilles qu’il a intégrées, ne seraient que par des correspondances échangées avec sa famille. Rien, en dehors des discours élogieux de la presse, des témoignages épars de ses contemporains et de ses citations dithyrambiques. L’auteur s’est lancé dans une étude généalogique remontant au XVIe siècle qu’il convient, tout de même, de souligner par sa qualité et le souci du détail.
Corinne Micelli
108 pages, 22 x 21 cm, relié couverture cartonnée