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Jean Coustaline

Mécanicien navigant à Air France (1937-1948)

 

 Coup de cœur 2025

 

Cette biographie de Jean Coustaline est surprenante. On pourrait aborder cet ouvrage de manière un peu dubitative car le personnage évoqué n’est pas particulièrement connu, et rien, dans le titre ou le sous-titre, ne laisse imaginer le travail de bénédictin concernant les hydravions Latécoère qu’il a nécessité. Or, en le lisant, on est charmé par le plumage et par le ramage.

Le ramage, car on découvre la vie, souvent aventureuse, d’un mécanicien navigant sur les derniers hydravions géants de notre compagnie nationale, de 1937 à 1948. Lors de l’intermède de l’Occupation et de l’immédiat après-guerre, il se mue aussi en chef de réseau de la Résistance. Au-delà de ce portrait, c’est toute l’expérimentation et l’exploitation des grands hydravions, que furent les Laté 521, 522 et 631, qui nous est contée. Tout cela est le fruit d’un travail croisé de Jean-Jacques Coustaline, pour ce qui est des archives familiales concernant son père, et de Pascal Parpaite, juste avant sa disparition, pour la reconstitution, égrenée vol par vol, comme un chapelet, de l’histoire des hydros de grand tonnage, et l’articulation de cette chronologie autour des carnets de vol du mécanicien navigant. Au-delà des vols, c’est aussi une chronique de la vie en Amérique du Sud, lors d’une réparation lourde d’un appareil, ou l’expression des sentiments de Jean Coustaline lorsque ses missions le tiennent loin du Sud-Ouest et de sa famille.

Il est à noter une franchise remarquable des auteurs, quant aux sources utilisées. Dès le départ, ils nous informent que, le premier carnet de vol étant absent, ils ont dû reconstituer les débuts de ce récit. Ils notent ensuite, page 51. « A présent, c’est principalement grâce au mixage de la correspondance de Jean Coustaline à son épouse Carmen et à ses carnets de vols que l’on va pouvoir suivre sa carrière ». Et ainsi de suite. On a donc le film lui-même, et le « making-of ».

Le plumage, car c’est ce qui saisi le lecteur, dès la prise en main de l’ouvrage : c’est un très beau et lourd volume, de format carré. C’est devenu rare, le livre est relié. Le papier, glacé, est de fort grammage. Il met parfaitement en valeur les photos, parfois en couleur mais majoritairement en camaïeu de sépia pour ce qui est des clichés en noir & blanc. Les autres documents, nombreux, sont présentés avec un code couleur/ou graphique qui en marque la provenance : carnet de vol, courrier, coupure de presse, cartes philatéliques…

Le seul reproche qu’on pourrait faire à l’ouvrage, c’est l’absence d’une table des matières.
Alors, reconstituons-la :
Page 7 Préface de JJ Courtaline
Page 9 chapitre 1 Une carrière intense mais trop courte
Page 17 chapitre 2 Les vols transatlantiques expérimentaux
Page 33 chapitre 3 Jean Coustaline et la Résistance
Page 47 chapitre 4 Le retour à Air France
Page 77 chapitre 5 Paris Le Bourget, Tante Ju et Dakota
Page 109 chapitre 6 Préparation de la ligne des Antilles
Page 125 chapitre 7 « Le voyage extraordinaire »
Page 139 chapitre 8 Prêt pour les Antilles avec le F-BDRC
Page 151 chapitre 9 Après la catastrophe du F-BDRC

En arrivant aux derniers chapitres, on devine que le sort sera fatal, et l’accident du 1er août 1948 marquera la fin de l’exploitation des grands hydravions chez Air France.

Au final, voici un ouvrage très intéressant, présenté avec beaucoup d’élégance, d’un prix abordable malgré son apparence luxueuse. Voici un joli premier coup de cœur pour 2025. Un magnifique livre, qui gagne à être découvert.

Jean-Noël Violette


 

En vente directe auprès de l’association : Mémoires de l’Hydraviation

 

En bref
Format carré 24,5 x 24,5 cm, 168 pages, relié, nombreuses illustrations ISBN 978-2-9559567-3-1 34 €