Le noir et blanc est l’aristocratie de l’art photographique. Sa pratique, où le photographe se prive de l’enrichissement parfois factice de la couleur, est l’apanage des plus grands : on ne compose pas une image en noir et blanc de la même manière qu’une photo en couleur. À ce jeu d’artiste, Jean Dieuzaide, qui signa longtemps ses clichés « Yan », était passé maître, du cadrage jusqu’au travail de laboratoire. Ses pairs ne s’y étaient pas trompés, qui lui avaient attribué, suprême reconnaissance, le prix Niepce et le prix Nadar.
Reporter-photographe, illustrateur polyvalent, le photographe qui rêvait d’être pilote n’a jamais cessé de chanter son amour de l’aviation. « Photographier, c’est peindre avec la lumière. » Les clichés de Jean Dieuzaide, qu’on a si souvent défini comme un « photographe de la réalité », extraient d’une feinte crudité du réel toute sa part de poésie et de rêve. Il est bien des photographes qui donneraient beaucoup pour avoir une once du sens de la composition de celui qui fit si bien chanter la lumière sur les avions.
Dans cet album toulousain en diable, où tout respire la ville rose, du photographe à la plupart des appareils, Yves Marc s’est effacé pour laisser la place aux images qu’il a choisies, se contentant des les accompagner de textes discrets. Que de poésie, voire d’humour, dans cette image où l’objectif de Yan a fixé un cheval de trait tirant sa charrette en direction d’une Caravelle en sortie de l’usine de montage !
L’élégante Caravelle et le magnifique Concorde s’offrent une place de choix dans un élégant album où les visages ne sont pas oubliés. Il est de livres qui paraissent spécialement destinés aux amateurs d’art et d’aviation ; celui-ci en est un bel exemple.
Philippe Ballarini
128 pages, 28 x 28 mm, couverture souple
– Préface de Pierre Sparaco