Encore un titre des éditions Altipresse qui, décidément, publient plus vite que leur ombre.
Sous le titre imprimé sur le désormais célèbre bandeau rouge de la marque, un sous-titre : « Mike, nous ne partirons pas sans toi ! » ? Le photomontage de la couverture parait un peu grossier, mais ne vous y arrêtez pas.
La sortie du livre Blackhawk down de Mark Bowden, devenu un best-seller, traduit en français La chute du Faucon Noir et adapté ensuite au cinéma par Ridley Scott, garantit pour l’éternité la pérennité de ce qui s’est passé le 4 octobre 1993 à Mogadiscio en Somalie. Mais le livre était consacré à tous les combattants, tandis que le présent ouvrage est à ranger sur l’étagère des autobiographies, car en effet le pilote Mike Durant y relate davantage que la seule mission fatale : il évoque également la descente aux enfers et la captivité qui ont suivi.
Durant et Hartov y parviennent d’une façon très élégante, par des chapitres en flash-back. Procédé plus généralement cinématographique, il aide ici à alléger le récit de la captivité du héros malgré lui. On revient vite sur la jeunesse du pilote, mais ce sont surtout ses précédentes expériences militaires (en Corée du Sud, au Panama, l’entrainement des Forces Spéciales) qui sont d’excellentes parenthèses.
J’ai beaucoup apprécié la traduction de Jean-Robert Blanc, même si je n’ai pas lu l’ouvrage en version originale. Des notes de bas de page aideront les non-spécialistes du domaine aéronautique ou militaires.
J’ai donc beaucoup aimé ce copieux livre de 342 pages, sur une histoire somme toute récente, survenue il y a moins de 20 ans. On a envie de rencontrer l’homme, le pilote, le survivant. On ressent de l’empathie, et on regrette tout autant que lui que ses camarades ne s’en soient pas sortis. Est-il un donneur de leçons ? Par moments, on peut le penser. Mais on sent bien qu’il est sincère, entier. Les leçons de vie qu’il distille tout au long du récit sont bonnes à prendre, même si bien peu de lecteurs ou de lectrices connaîtront un jour une aventure telle que la sienne. Pendant sa lecture, J’étais le pilote du Faucon Noir m’a souvent fait penser à un autre livre : Air Force BAT 21, qui narre l’histoire d’un aviateur abattu au Vietnam, également porté à l’écran. Et il m’a donné envie de le relire, tout comme de lire La chute du Faucon Noir si un jour j’en ai l’occasion.
Je n’ai éprouvé qu’un seul regret : l’absence totale d’illustrations, hormis les deux photographies de la quatrième de couverture. Pourtant les remerciements en font état ! Alors y en aurait-t-il dans la version américaine et pas dans la française ? Cela est bien dommage, car des portraits et des cartes auraient été un « plus » certain.
Jocelyn Leclercq
343 pages, 15,3 x 24 cm, broché
– Préface de Mark Bowden
– Traduction de Jean-Robert Blanc