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Johnny Red [2]

Le diable rouge
Tom Tully & Joe Colquhoun

Voici maintenant deux ans, la maison d’édition de comics Delirium réunissait en un volume les 118 premières pages de Johnny Red, initialement publié en feuilleton dans l’hebdomadaire Battle. Après ce premier volume baptisé L’envol du Faucon, voici Le diable rouge, qui réunit les 86 planches suivantes.

Dans ce deuxième volume, nous retrouvons bien entendu le très réussi dessin de John Colquhoun. Maître du cadrage et de la mise en page, il parvient malgré les contraintes de publication initiale (petit format, monochromie sans dégradé et un rythme minimal de trois planches par semaine) à proposer une œuvre éclatée, détaillée et parfois lumineuse, qui compense presque la densité d’écriture et les textes parfois envahissants. La variété des cases, le dynamisme et l’expressivité de son dessin font merveille, et il ne se cache pas des horreurs de la guerre — dans Johnny Red, vous verrez des corps projetés ou déchiquetés par des explosions et des pilotes brûlant dans leur appareil.

Pour sa part, le scénario de Tom Tully rehausse un peu son jeu. Le début du premier volume était souvent extrêmement niais ; mais une fois la série et les personnages installés, l’histoire trouve un rythme et se permet de creuser un peu son sujet. Des camarades meurent, Johnny grandit, se pose des questions et affronte des dilemmes moraux, et son ascension progressive à la tête de l’escadrille des faucons ne va pas sans heurt. Oh, bien entendu, rien ici de très psychologique, la publication en série ne laissant guère la place de réellement pousser dans cette voie ; mais l’effort pour dépasser la simple série d’action effrénée est palpable et les auteurs n’hésitent plus à proposer des arcs narratifs s’étirant sur trois ou quatre épisodes successifs, allant parfois jusqu’à s’affranchir de l’obligatoire point fort hebdomadaire.

Le résultat reste évidemment bien loin de ce que peut se permettre un scénariste envisageant un album de 46 planches, voire un cycle de plusieurs volumes. En outre, Tom Tully ne se défait jamais totalement de sa tendance à présenter les pilotes comme des preux chevaliers qui règlent leurs comptes dans des duels aériens et se lancent des défis d’un avion à l’autre. La capacité surnaturelle de Johnny à réaliser les missions les plus difficiles sans coup férir, à se téléporter d’un bout à l’autre d’un champ de bataille ou encore à sauver ses camarades par une intervention quasi-divine entraîne également quelques rebondissements d’une naïveté confondante.

Mais pour une série hebdomadaire des années 70, ce deuxième volume de Johnny Red se lit plutôt agréablement et les nostalgiques de leur adolescence pourraient y trouver leur compte.

Franck Mée


116 pages n&b, 22 x 29 cm, cartonné
Traduction : François Peneaud


Les albums de la collection Johnny Red


Johnny Red [2] p.16
Johnny Red [2] p.16

Avec l’aimable autorisation de
© Delirium

Johnny Red [2] p.28
Johnny Red [2] p.28

Avec l’aimable autorisation de
© Delirium

Johnny Red [2] p.93
Johnny Red [2] p.93

Avec l’aimable autorisation de
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Éditions Delirium

ISBN 979-10-90916-19-7

22 €