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Joliot Golf

Pilote de Piper en Algérie
Yves Le Bec

Noël 2011 : près de cinquante ans après la cessation des combats en Algérie, Yves Le Bec évoque comment les hasards du service militaire et des évènements politiques vont l’amener à effectuer l’essentiel de ses heures de vol dans le cadre militaire. Un récit qui s’étale de 1955 à 1964 même si l’essentiel se concentre de janvier 1957 à mai 1960.

Ce bond en arrière ne semble pas si impressionnant compte tenu de la longévité moyenne actuelle. Pourtant l’auteur ne s’en cache pas : c’est un « papy » qui couche sur le papier ses jeunes années aéronautiques, faute d’avoir le loisir d’en faire le récit complet à ses petits-enfants. À ce titre, il ne cesse avec beaucoup d’humour et de clairvoyance de souligner combien notre société a évolué et en quoi l’aviation a un vocabulaire à la sonorité courante mais trompeuse. Récit pseudo initiatique et faussement décalé qui se trouve marqué de beaucoup de facétie masquant en fait une précision et une concision toute aéronautique, ce livre s’adresse naturellement aux plus jeunes et aux candides de l’aviation. Il serait pourtant dommage de ne réduire le lectorat qu’à ces deux populations : les récits sur le sujet de l’ALAT et particulièrement cette période ne sont pas courants, même si paradoxalement, nous avions déjà eu l’occasion de lire Piper-Piper ici Adrénaline. Et le hasard faisant bien les choses, leurs auteurs respectifs se sont rencontrés, ce qui renforce mutuellement l’intérêt de leurs récits, offrant des regards croisés sur les mêmes évènements. Car bien que se connaissant, leurs caractères propres produisent des textes forts différents, même si les deux développent au fil des mois un même amour de cette terre.

Tout au long des pages, caricatures et photos s’alternent, chaque type de document étant pour moitié en noir et blanc, pour moitié en couleurs — ce qui pour un appelé du contingent est encore à l’époque peu courant. Comme s’y ajoutent une trentaine de dessins, la plupart en couleurs et réalisés lors de la fin du séjour en Ouarsenis, on est tout à la fois dans un journal de marche, un album souvenir et un témoignage où se croisent nombre de personnalités et de matériels, à voilure fixe ou tournante. Et il n’est pas le moindre des mérites de l’auteur d’avoir su marier tout cela avec bonheur.

La troisième et dernière partie est symbolique. Ne faisant que cinq pages, elle est la conclusion de la vie de pilote d’Yves le Bec et la cicatrice d’un pays qui ne l’a jamais quitté. L’évolution des matériels et des tactiques mit très vite fin en effet à ce type de mission. La politique a aussi fait tourner la page, mais l’esprit et le cœur de l’auteur, passée la vie professionnelle, ont su retrouver le temps et la matière d’un récit attachant et livré sous une forme peu banale.

François Ribailly


132 pages, 21 x 29,7 cm, relié
Plus de 180 photos et dessins

En bref

Bleu Ciel Éditions

ISBN 978-2-918015-15-4

36 €