Après le tome 14 de Jour J, Oméga, nous nous intéressons logiquement au tome 18 : Opération Charlemagne. Nous poursuivons donc cette uchronie où les Ligues ont renversé le gouvernement en 1934, étouffé dans l’œuf les velléités territoriales de l’Allemagne hitlérienne, et où les tensions entre le vaste État totalitaire français et la monarchie démocratique britannique ont dégénéré en affrontement armé en 1942, à la disparition d’Antoine de Saint-Exupéry.
Dans ce deuxième tome, Fred Duval (scénariste éclectique connu ici surtout pour Lieutenant McFly et Jean-Pierre Pécau (ancien professeur d’histoire habitué des récits uchroniques) précisent leur histoire : la lutte entre Résistance et police politique est bien entendu centrale, mais c’est également un récit d’espionnage qui fait la part belle à l’information, qu’elle soit obtenue tactiquement en envoyant une vague de De Havilland Mosquito photographier les chantiers navals de Nantes ou subrepticement en profitant d’un concert pour faire rencontrer Résistants, espions américains et informateurs soviétiques.
Comme dans Oméga, le récit est dense, complexe et parfois un peu difficile à suivre. Les auteurs eux-mêmes semblent parfois avoir peiné à amener certains éléments : l’ascension de Pierre Laval à Paris et du général De Gaulle au Proche-Orient est ainsi brutalement narrée par Simone de Beauvoir, plutôt que d’être intégrée au récit. Cela vaut cependant le coup de faire un effort : le travail sur l’évolution de cette histoire parallèle est passionnant et le récit oscille efficacement entre traité politique et action épique.
Sur le plan graphique, Maza poursuit le travail cadré et soigné du tome précédent, mais il n’a pas l’amplitude et la liberté graphique qu’il a manifestées dans Lady Spitfire et Wunderwaffen : comme le récit, le dessin est sérieux et ne cherche pas la carte de la légèreté.
Dans l’ensemble, ce cycle de Jour J fait donc partie des bandes dessinées qui se méritent : un effort d’attention est demandé et deux lectures ne sont pas de trop pour saisir les subtilités des événements. Mais pour qui apprécie ce type de récit, l’ensemble est passionnant : on finit Opération Charlemagne en attendant déjà impatiemment la parution, prévue fin août, du troisième volume (qui devrait s’intituler Le crépuscule des damnés et conclure l’histoire).
Franck Mée
64 pages, 24 x 32 cm
Dessin : Maza
Couleurs : Jean-Pierre Fernandez
Les autres albums de la collection Jour J
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Delcourt
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