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Coup de cœur 2019 |
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Ayant eu en main le brouillon du livre de Thierry Matra, Philippe Ballarini avait annoncé dès le 18 novembre l’avoir entrevu comme Coup de cœur potentiel. Voici donc la recension de l’imposant ouvrage de Thierry Matra Jules Védrines, 250 000 km en aéroplane.
Védrines est resté célèbre parmi les aviateurs du début du (XXe) siècle pour son extraction populaire (ouvrier avant d’être mécanicien d’aviation puis pilote), pour sa gouaille légendaire de « Julot » parisien, pour son caractère entier et parfois difficile, pour sa susceptibilité, pour les fâcheries qui en ont découlé avec bien des constructeurs « aéro » et des officiels, pour l’amour que lui porta en revanche le grand public, pour ses multiples exploits (raids, courses, records, fameux atterrissage sur le toit des Galeries Lafayette…) et pour ses missions d’infiltration en territoire ennemi pendant la Première Guerre mondiale.
L’étude que lui consacre Thierry Matra est à la hauteur de la démesure de ce héros. Pour un prix relativement modique (29€), ce sont 576 pages très denses, correspondant à plus de cinq années de recherches, qui nous sont offertes. Les 516 premières constituent un récit chronologique très précis, très fouillé, de cette vie si romanesque.
Les noms, organismes et événements cités font l’objet soit d’une petite note de bas de page lorsque cela suffit et de manière à ne pas altérer la fluidité de la lecture, soit d’une notice plus complète présentée en fin d’ouvrage. Le livre se termine en effet par 60 pages d’annexes, des retours sur ses rapports avec l’écrit et le cinéma, les notices en questions mais aussi une liste des sources bibliographiques et des index thématiques : personnes, lieux, sociétés et associations.
Tout au plus peut-on regretter l’impression sur papier bouffant (mais économique comme nous l’avons vu) qui ne met pas en valeur les illustrations. Mais comme cela ne concerne que des documents âgés de plus de cent ans, cela donne à l’ensemble un petit côté rétro qui va bien avec le sujet. De même, le choix d’une police différente pour les citations permet de bien les distinguer, mais ce n’est pas la plus lisible qui a été sélectionnée. Enfin il manque le rappel systématique, en début de chapitre, de l’année concernée : les millésimes 1911 à 1913 sont tellement denses que l’on a du mal à réaliser que cette existence tumultueuse et autant d’exploits se déroulent dans une période si concentrée. On en perd la notion du temps et j’ai pour ma part ajouté en marge au crayon, de temps en temps, les années pour mieux m’y retrouver si je devais par la suite y revenir sans repasser par une lecture linéaire. La rédaction est agréable et la relecture semble avoir été correcte : au milieu de quelques coquilles et petites fautes (quasiment inévitables sur 576 pages), c’est tout juste si l’on trouve un surprenant « Clémenceau » accentué page 244.
Outre les photos en noir et blanc dont nous avons parlé, les deuxième et troisième pages de couverture nous présentent dix-neuf profils en couleur des aéroplanes pilotés par « Jules », modélisés numériquement par Dragan Šaler et remarquablement imprimés cette fois.
L’impression globale est très agréable. Au-delà de la vie remarquable de Védrines, c’est un véritable tableau des premières années de l’aviation en France, puis des formations militaires auxquelles il est rattaché pendant la Grande Guerre, qui nous est brossé.
Voici donc un coup de cœur 2019 grandement mérité !
Jean-Noël Violette
576 pages, 15 x 22 cm, broché
0,869 kg
L’Aérobibliothèque met à votre disposition un bon de commande imprimable (pdf 1 page) à retourner à l’éditeur.