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Kamikaze, le dernier assaut [DVD, Blu-Ray, Vod]

Takashi Yamazaki

 Coup de cœur 2015 

Ceux qui ont lu l’exceptionnel manga Zéro pour l’éternité en reconnaîtront le scénario dès les premiers instants du film Kamikaze, le dernier assaut. Et ils ne seront pas déçus, car si l’histoire, narrée à l’origine par Naoki Yakuta dans un roman, fut bien servie par le manga de Suochi Sumoto, il en est de même avec le film de Takashi Yamazaki.

Kamikaze, le dernier assaut
Kamikaze, le dernier assaut

Capture d’écran
Avec l’aimable autorisation de © Condor Entertainment

L’histoire commence de nos jours, avec des funérailles après lesquelles Keiko et Kentarô apprennent que leur grand-père biologique n’est pas celui qu’ils ont toujours connu, mais un pilote de l’aéronavale mort dans une attaque kamikaze. Démarre alors une longue enquête riche en rebondissements, au cours de laquelle le frère et la sœur entendront des témoignages contradictoires. Le spectateur est régulièrement emmené dans le passé de ce grand-père dont on découvre peu à peu, en même temps que les jeunes gens, l’étonnante et puissante personnalité.

Kamikaze, le dernier assaut
Kamikaze, le dernier assaut

Photo de tournage
Avec l’aimable autorisation de © Condor Entertainment

Le film est rythmé avec équilibre, les scènes d’action où figure le grand-père Miyabe alternant avec la quête de Keiko et Kentarô. On aurait pu s’attendre à un « film de guerre ». Certes, Kamikaze, le dernier assaut en a les apparences, mais le résumer à cet unique aspect serait réducteur. Les passages où les deux jeunes gens interrogent des témoins survivants ne servent pas que de « liant » entre les scènes guerrières : elles donnent une image des visions contradictoires que les Japonais d’aujourd’hui peuvent avoir du Japon de la Seconde Guerre mondiale, en particulier en ce qui concerne le phénomène des Tokkōtai*.

Kamikaze, le dernier assaut
Kamikaze, le dernier assaut

Copie d’écran
Avec l’aimable autorisation de © Condor Entertainment

À la vue des images de combat, on mesure les immenses progrès qui ont été réalisés en une dizaine d’années en matière d’images de synthèse. Mais surtout, on appréciera la retenue de la mise en scène où les avions de chasse, tout agiles qu’ils soient, ne sont pas comme pilotés par Luke Skywalker dans Star Wars ; c’est hélas souvent le cas dans ce genre de production en provenance d’Hollywood. De la même manière, même si la fin du porte-avions Akagi (finement reconstitué) lors de la bataille de Midway est dépeinte de façon réaliste, on nous fait grâce des débauches d’hémoglobine : l’important est visiblement ailleurs. On saluera la volonté d’exactitude historique présente dans l’ensemble du film, ainsi que la profusion de détails.

Kamikaze, le dernier assaut
Kamikaze, le dernier assaut

Capture d’écran
Avec l’aimable autorisation de © Condor Entertainment

Une hésitation avait préludé au choix du titre. « Zéro pour l’éternité » ? Celui-ci pouvait ne pas être parlant pour un public français qui ne reconnaîtrait peut-être pas dans le Zéro l’un des plus célèbres chasseurs de la Seconde Guerre mondiale. On opta donc pour Kamikaze, le dernier assaut, prenant le risque d’une confusion avec Kamikaze, assaut dans le Pacifique (2012), le film de Taku Shinjo dont il est la totale antithèse. Autant le film de Shinjo, une ode aux kamikazes sur un ton nationaliste, donne l’image d’un certain mode de pensée qui a cours aujourd’hui au Japon, autant celui de Takashi Yamazaki nous présente une lecture toute différente de la question. Rappelons que le Japon n’ayant pas connu l’équivalent de la « dénazification » en Allemagne, il existe là-bas un puissant courant révisionniste, niant ou gommant la réalité des crimes de guerre commis par les armées du Mikado pendant la Seconde Guerre mondiale et considérant les États-Unis comme étant les agresseurs de l’Empire du Soleil Levant.

Kamikaze, le dernier assaut
Kamikaze, le dernier assaut

Photo de tournage
Avec l’aimable autorisation de © Condor Entertainment

Une profonde dimension humaine transpire tout au long de ce film remarquable en bien des points. Les sentiments ne sont pas absents de l’histoire — il en sont a contrario l’élément principal — mais sont pas utilisés comme dans la tradition hollywoodienne. Ici, pas de romance à l’eau de fleur de cerisier, pas de héros fatigué (« Ce n’est rien, juste une égratignure ! »), pas d’amourette à deux yens (on ne se vautre pas dans des toiles de parachute). Un tableau tout en finesse, au rythme assez lent mais sans lourdeur, au souffle puissant qui vous en fera oublier sa durée : 2h 17 min.

Kamikaze, le dernier assaut
Kamikaze, le dernier assaut

Capture d’écran
Avec l’aimable autorisation de © Condor Entertainment

Bien évidemment, les Occidentaux que nous sommes seront parfois un peu étonnés de cette façon nippone de parfois « surjouer » de façon théâtrale* certains sentiments tels que la surprise ou l’étonnement. Si l’on peut considérer ceci comme un travers, c’est bien le seul que nous puissions trouver à ce film. Âmes sensibles (y compris masculines), prévoyez des mouchoirs ! Amateurs de films sur fond historique, frottez-vous les mains ! Un prix d’excellence pour une œuvre magistrale et accomplie qui ne pourra pas laisser indifférent.

Philippe Ballarini


* Tokkōtai : unité spéciale d’attaque (kamikaze)
* « surjouer » de façon théâtrale : une particularité néanmoins beaucoup moins perceptible que dans le film Kamikaze, assaut dans le Pacifique


Format 16/9, 2 h 18 min

Version française (Dolby ou DTS) & version japonaise sous-titrée en français (Dolby)

Disponible en DVD, Blu-Ray & VOD


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Condor Entertainment

Coup de cœur 2015