La base d’Aéronautique Navale de Port-Lyautey

(1919-1962)
Jean-Claude Laffrat

L’ARDHAN* nous a habitués à une certaine forme d’excellence. Excellence sur la forme d’abord avec des productions sobres toujours parfaitement mises en page, sur du papier de qualité, avec pléthore de photos d’époque, de nombreuses cartes et des profils toujours bienvenus. Excellence sur le fond ensuite par la précision des informations collectées, la clarté du propos et la volonté d’exhaustivité dans le traitement du sujet.

Trente-septième titre de la remarquable collection historique de l’association, l’ouvrage que nous propose Jean-Claude Laffrat, un vétéran de l’Aéronautique navale qui a servi en Afrique du Nord et en Indochine, ne déroge pas à la règle. Sur un peu plus de 300 pages, agrémentées d’environ 500 photos, d’une cartographie précise (de David Méchin) et 14 profils en couleur (de la plume sûre et aguerrie de Jean-Jacques Petit), l’auteur nous fait découvrir par le menu l’histoire de la base de Port-Lyautey au Maroc, sur la côte atlantique. Articulé en quatre chapitres strictement chronologiques, l’ouvrage s’attache tout d’abord à retracer l’origine de l’installation en 1919 d’un Centre d’aviation maritime à Kenitra qui donne naissance en 1939 à la BAN de Port-Lyautey. Tout juste opérationnelle en 1940, celle-ci reçoit les hydravions des formations repliées de métropole mais aussi de nouvelles formations basées à terre. Passée sous contrôle américain après l’opération Torch de novembre 1942, elle devient, sous la désignation de Naval Air Station 214, la plateforme principale des opérations de lutte anti-sous-marine menées dans la zone par l’US Navy jusqu’à la fin du conflit. Dans l’immédiat après-guerre, la Marine nationale réinvestit les lieux dans le cadre d’un accord de coopération inédit avec les forces américaines. Ce n’est qu’en 1962 que la base de Port-Lyautey est officiellement remise aux Forces royales marocaines.

Il s’agit ici, incontestablement, d’une véritable somme, difficilement égalable en termes de qualité des informations, issues notamment des archives du SHD ainsi que de nombreux témoignages et sources américaines, mais aussi de précision ― quasi chirurgicale ― du propos qui va jusque dans le détail le plus fin. Certains clichés rares de Laté 302, de Wellington et de Ventura raviront également les amateurs éclairés. Nous regretterons cependant ― mais n’est-ce pas là le revers des ouvrages de l’ARDHAN ? ― que ce type de publication ne rencontre qu’un public relativement restreint de passionnés en raison de la sécheresse du style adopté, de l’absence d’introduction ou de conclusion, du manque de contextualisation générale, tous éléments qui rendraient l’ouvrage plus attrayant pour un lecteur qui n’aurait pas forcement les clés pour comprendre un récit dense et couvrant près d’un demi-siècle. Ces quelques réserves, qui s’expliquent par une certaine aridité du propos liée à la dimension monographique de l’ouvrage, n’altèrent cependant en rien les qualités intrinsèques de ce travail qui apporte une contribution majeure à l’histoire de l’aéronautique maritime puis navale dans ce que furent les territoires de l’Empire français.

Paul Villatoux


312 pages, 21 x 29,7 cm, relié
1,138 kg


*ARDHAN : Association de recherche et de documentation sur l’histoire de l’aéronautique navale

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ARDHAN

ISBN 978-2-913344-28-0

30 €