Coup de cœur 2021 |
En un mot comme en cent : RE-MAR-QUA-BLE ! Voilà un livre qui sort vraiment de l’ordinaire à bien des titres et qui est bourré de qualités. Par quel bout commencer ? L’originalité ? Il est vrai qu’une bande dessinée de 472 pages, cela ne court pas les rayons des libraires. Deux kilos de bédé ! Et puis pas de la bande dessinée avec simplement des vignettes accompagnées d’onomatopées « Shazam ! Blop ! Whizzz ! » : les gens parlent et discutent. Certes, ils ne nous noient pas sous un déluge de textes : l’équilibre entre les graphismes des vignettes et le contenu des phylactères* est excellent. Bref, si vous comptez lire cet « album » vite fait avant la sieste, c’est raté. C’est même tellement raté que si vous y mettez le nez vautré sur votre canapé après un bœuf mironton, vous courez le risque d’y demeurer jusqu’à l’apéritif du soir, surtout si vous êtes du genre à déguster un bon livre comme on sirote un armagnac VSOP.
Le 6 août 1945 eut lieu l’événement historique le plus important du XXe siècle : le largage d’une bombe atomique sur la ville japonaise d’Hiroshima. Militairement parlant, on peut dire qu’il y eut un « avant » et un « après » cette explosion qui eut un retentissement majeur sur l’ensemble de la planète. Des rayons entiers de bibliothèques sont garnis de livres ayant pour titre « Hiroshima », mais celui-ci, sorte d’ovni, s’avère indispensable. Entrant dans la catégorie « roman graphique », il est bien plus documentaire que romanesque. Pour tout dire, son contenu qui frôle l’exhaustivité s’avère bien plus complet et enrichissant que bien d’autres ouvrages.
Août 1939 : Albert Eistein et Leó Szilárd rédigent la lettre à F.D. Roosevelt,
courrier qui sera à la base du projet Manhattan.)
Dans le « prologue », le « scénario » débute en 1933, sous forme de « mise en place » des personnages dans un cadre des bruit de bottes, tant en Allemagne, en Italie qu’au Japon. Leó Szilárd et Enrico Fermi font leur apparition et émigrent aux États-Unis. L’Histoire est en marche qui aboutira au tragique bombardement du 6 août 1945. Et dans cet épais volume, tous les facteurs, qu’ils soient militaires, stratégiques, politiques, techniques ou simplement humains sont pris en compte et dévoilés. Des aspects apparemment secondaires (quoiqu’importants) sont évoqués : la bataille de l’eau lourde, les essais d’injection de plutonium sur des cobayes humain, le naufrage de l’USS Indianapolis, l’espion Klaus Fuchs…
Un épilogue d’une vingtaine de pages expose les conséquences à court et long termes d’Hiroshima. Il est évident que, sans qu’il s’agisse d’un réquisitoire contre l’usage qui a été fait de la bombe atomique, les auteurs établissent un bilan moral très noir de l’usage de cette arme infernale sur le Japon.
D’un point de vue graphique, le style n’est pas sans évoquer les « comics » américains, en noir et blanc, dans un style néanmoins épuré et redoutablement efficace. Les personnages sont ressemblants et aisément reconnaissables. Un authentique chef d’œuvre que nous recommandons vivement.
Philippe Ballarini
* phylactères : les traditionnelles « bulles » de la bande dessinée.
472 pages, 22 x 29,5 cm, relié
2,043 kg
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Glénat
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