La Chine veut la Lune explique en deux cents pages tout sur la conquête ou la reconquête (pour les Américains) de la Lune par l’homme. Comme le titre de l’ouvrage l’indique, il s’agit avant tout des ambitions lunaires chinoises. Mais l’expert qu’est l’auteur, Philippe Coué, ne pouvait pas s’en tenir là, car il aborde aussi les multiples facettes des autres projets lunaires, en robots ou habités, allant d’une simple visite orbitale jusqu’à l’installation d’une véritable base lunaire autonome.
Tous les aspects, y compris les plus subjectifs, guidés par les croyances ancestrales et les traditions séculaires, sont abordés concernant le programme spatial chinois Chang’E. On apprend tout des premières sondes et satellites, du premier vol d’un taïkonaute, Yang Liwei, en 2003, suivi de deux autres en 2005 avec sortie extra véhiculaire, depuis le vaisseau Shenzhou, jusqu’au projet de station orbitale terrestre, dernière étape avant que le lanceur fusée lourd CZ5 (classe Saturn-5) ne propulse le train spatial vers la Lune où une base chinoise pourrait s’établir vers 2024. Les dessins de la base et de l’astromobile, véhicule conçu pour se déplacer sur la surface lunaire, sont prêts. Même si la réalisation de ce grand projet pacifique, fièrement annoncé, reste hypothétique aux yeux des spécialistes, la forte motivation chinoise, réalisant de véritables prouesses spatiales défiant la science-fiction, pourrait en étonner plus d’un.
Les plus curieux apprendront aussi beaucoup du programme américain Constellation, en vue d’installer une base américaine près du cratère Shackleton, au pôle sud de la Lune, vers 2020, et sur les ambitions lunaires russes, européennes, japonaises, indiennes, ainsi que sur les plus commerciales du secteur privé.
Même si une installation de longue durée, pour l’observation de la Terre et du système solaire et l’exploitation des ressources minérales lunaires, est un premier objectif ambitieux, la Lune, qui attire et fascine tant de nations, ne serait qu’une étape pour aller beaucoup plus loin, car elle constitue une base de départ idéale pour les futures explorations intersidérales.
Mars est déjà au programme des vols habités, qui auront besoin de lanceurs puissants, de vaisseaux spatiaux modernes, pouvant accueillir plusieurs hommes en garantissant leur voyage aller et retour en toute sécurité, de moyens de lancement en de contrôle sophistiqués, d’unités de recherche, et de beaucoup de moyens financiers où la Chine, désormais grande puissance spatiale veut jouer un rôle important, affirmant par la même ses compétences au plus haut niveau des technologies et son statut de grande puissance mondiale.
Cet ouvrage passionnant est absolument remarquable de clarté pour une question plutôt méconnue, relativement complexe, et ici parfaitement accessible aux non spécialistes. De nombreuses photos et illustrations, et autant de notes de bas de page ou encadrées, précisent l’étonnant et ambitieux parcours spatial du peuple chinois auquel Mao affirmait qu’un jour il décrocherait la Lune…
Richard Feeser
192 pages, 14 x 21 cm, couverture souple