Les images ont toujours été un moyen efficace (et souvent nécessaire) d’aborder l’histoire. Peintures rupestres de la préhistoire, fresques égyptiennes, livre d’heures du duc de Berry, gravures de Jacques Callot, tant d’images indispensables sans lesquelles il nous serait impossible d’avoir une vision correcte de notre passé. Puis est arrivée la révolution de Niepce et Daguerre : la photographie qui, en plus, permettait des reproductions à l’infini sur simple papier. Mais voilà : ce procédé demeurait généralement en noir et blanc, la couleur restant un procédé expérimental jusqu’au début des années quarante.
L’ennui avec le noir et blanc, c’est qu’il maintient une distanciation temporelle que rétablira la couleur. La simple expérience qui consiste à placer côte à côte deux clichés identiques, l’un en noir et blanc, l’autre en couleur, illustre bien ce principe. Or, la colorisation, qu’elle soit photographique ou cinématographique, est souvent trompeuse : l’on se souvent de celle pratiquée « à la retouche » dans les années cinquante. Elle amenait un semblant de vie, mais pas un semblant de vérité. Et, le progrès technologique aidant, des historiens s’en sont mêlés et se mirent à utiliser des technique modernes « pointues »… associées à un souci exigeant de réalité (avec parfois des querelles cocasses sur la couleur de casseroles d’hélice ou de croix de Lorraine sur des Blenheim).
C’est ainsi que si l’on n’y prend pas garde, les images de ce (beau) livre pourraient être prises pour des photos en couleur quand ce sont des clichés en noir et blanc très habilement colorisés, avec un soin de l’exactitude évident, fruit de recherches approfondies. Et des recherches, il en a fallu : l’époque de l’approximation est révolue et il n’est plus possible d’utiliser n’importe quelle couleur de la palette. On ne pourra que féliciter l’excellent travail de l’agence akg-images pour la pertinence de son travail de recherche iconographique. Outre l’effet graphique, cette opération apporte un bienfait étonnant : ces images qui, en noir en blanc, évoquaient des faits lointains, nous rendent ces derniers bien plus proches. La photo de la page 197, représentant une jeune « Rosie » en train de polir le plexiglas du nez d’un Boeing B-17F est révélatrice de cet effet : a-t-elle été prise dans les années quarante ou hier, dans une reconstitution ? L’un des intérêts majeurs de cet ouvrage est donc de rapprocher de nous des événements de la Seconde Guerre mondiale.
Bien entendu, ces images, dont on remarquera qu’elles sont colorisées sans excès, ne nous sont pas livrées « en vrac ». Elle sont ordonnées en sept chapitres, de la Blitzkrieg au « Crépuscule des aigles », en passant (entre autres) par la Russie, le Pacifique et les diverses campagnes de bombardement. Bien entendu commentées par des légendes courtes mais suffisantes, elles sont accompagnées, pour chaque chapitre, d’un texte allant à l’essentiel. Le titre La conquête du ciel est un peu imprécis et pourrait laisser entendre que nous avons affaire à une histoire généraliste de l’aviation, le sous-titre, placé en haut à droite de la couverture, est plus exact : La Seconde Guerre mondiale en couleur. On aurait pu ajouter à ce sous-titre l’adjectif « aérienne », mais l’image de la couverture est suffisamment parlante.
En ce qui concerne le « livre-objet » Conquête du ciel, nous sommes chez Glénat, avec tout ce que cela signifie de sobre élégance dans la mise en page et de qualité dans le choix du papier, dans l’impression et le façonnage. Peut-être pas un livre qui apportera des informations nouvelles à l’amateur d’histoire aérienne, mais un « album commenté » particulièrement attrayant, d’autant plus qu’avec ses 32 x 24 cm, il figurera dans les « gros morceaux » de votre bibliothèque.
Philippe Ballarini
224 pages, 24,2 x 32,2 cm, relié
1,477 kg
– Préface du colonel Frédéric Guelton, ancien directeur du SHD-Terre.
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Glénat
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