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La dissuasion nucléaire française en action

Dictionnaire d’un récit national
Philippe Wodka-Gallien

 Coup de cœur 2021 

Philippe Wodka-Gallien nous avait gratifiés en 2011 d’un excellent Dictionnaire de la dissuasion, très beau livre que Georges-Didier Rohrbacher avait récompensé d’un coup de cœur. Ne nous méprenons pas. S’il est question de dissuasion dans ces deux ouvrages, le plus récent, paru chez Decoopman, comporte une différence de taille qui apparaît dans le titre La dissuasion FRANÇAISE en action, sans compter que le sous-titre évoque un « roman national », alors que le livre paru précédemment s’avérait généraliste et abordait le sujet à un échelon mondial. Ce livre-ci n’est donc pas une nouvelle édition de son aîné.

« Nous sommes à l’ère atomique et nous sommes un pays qui peut être détruit à tout instant, à moins que l’agresseur ne soit détourné de l’entreprise par la certitude qu’il subira lui aussi des destructions épouvantables.  » Voici ce que déclarait, à l’occasion d’une conférence de presse, le général De Gaulle le 14 janvier 1963. Cette seule phrase résume la doctrine française de dissuasion qui s’est construite — et a été régulièrement modifiée — depuis le début des années soixante. Cette doctrine de la « force de frappe » (dont on peut penser qu’elle était contenue en germe dans les théories du général italien Giulio Douhet) a été conçue en bonne part pour éviter le désastre humiliant de 1940, ceci dans le cadre d’une « guerre froide » où la France était, d’un point de vue géostratégique, entre le marteau et l’enclume.

Avec un tel sujet, Philippe Wodka-Gallien, chercheur à l’IFAS * et spécialiste de la question de la « force de frappe », est plus qu’à son aise. Mais pour autant que l’on désire se montrer aussi exhaustif que possible, le sujet s’avère aussi étoffé et ses aspects tellement variés que l’une des principales difficultés demeure l’organisation du livre. L’auteur a su faire preuve d’habileté en lui donnant la forme d’un « dictionnaire ».

De Gerboise bleue à Zones dénucléarisées ce sont 192 entrées qui abordent une foultitude d’aspects variés de la force de dissuasion. On y trouve des facettes fort différentes : historique (la « bataille de l’eau lourde », Hiroshima et Nagasaki, « Greenpeace contre la France »…), théoriques et scientifiques (logistiques et techniques (Supercalculateur, simulation…), organisationnelles (MAE*, cinéma français), matériel vecteur de la bombe (Air et Mer), diplomatique (OTAN, USA, URSS…), biographique (Pierre Mendès France, Henri Becquerel, Raymond Aron…), stratégiques (guerre électronique, ravitaillement en vol…), etc. Difficile de faire plus complet : tous les aspects de la question de la dissuasion nucléaire française sont abordés. Philippe Wodka-Gallien, de toute évidence acquis à la doctrine de la dissuasion nucléaire, partage avec nous une partie (soigneusement sélectionnée) de sa vaste connaissance du sujet.

Philippe Ballarini


488 pages, 15,6 cm x 23,4 cm, couverture souple
0,850 kg
450 illustrations


* IFAS : Institut Français d’Analyse Stratégique (IFAS)
* FANu : Force Aéronavale Nucléaire
* IHDEN : Institut des Hautes Études de Défense Nationale
* MAE : Musée de l’Air et de l’Espace

En bref

Éditions Decoopman

ISBN 978-2-36965-100-0

29 €