Comme toutes les publications de l’ARDHAN, cet ouvrage était fort attendu des passionnés d’histoire de l’Aéronautique navale ; mais celui-ci s’est particulièrement fait attendre, car sa sortie, prévue au printemps 2010, a dû être reportée jusqu’à l’automne pour des raisons techniques.
Philippe Bonnet, qui s’est déjà signalé par le livre La Flottille 2F en Afrique 1940-1953 – Quand je trouve, je pique, déjà aux éditions de l’ARDHAN en 2003, devient ainsi un des meilleurs connaisseurs de l’Aéronautique navale durant cette période peu abordée par l’historiographie et pourtant si déterminante dans notre histoire nationale récente, à savoir la première moitié de la Seconde Guerre mondiale.
L’ouvrage présente deux parties historiques (pour six chapitres, 260 pages), suivies de neuf annexes et d’un cahier de seize pages de profils couleurs des appareils utilisés.
L’auteur a fait le choix d’un récit parfaitement chronologique, où apparaît presque chaque jour, particulièrement pour certaines périodes mouvementées. Pour autant, il n’a pas oublié d’apporter ponctuellement les précisions nécessaires à la compréhension du contexte général.
Ainsi, on suit les personnels des escadrilles AB2 et AB4 (au sein de la F1A) qui ont ensuite formée la flottille, tout d’abord dans la Campagne de France contre les forces allemandes, puis dirigées vers le sud où elles ont combattu les unités italiennes.
La seconde partie traite des opérations « post-armistice » qui voient l’engagement de la flottille (devenue 4F en décembre 1940), dans les combats de Syrie contre la Royal Air Force, puis face au débarquement du 8 novembre 1942 en Afrique du nord.
L’auteur a choisi d’entrecouper son récit de témoignages in extenso. Cela donne un point de vue et apporte des détails complémentaires. Mais l’inconvénient en est le pendant : la redondance parfois avec le récit fait par l’auteur. Pour autant, ces passages ne sont pas très nombreux et en italique, ce qui laisse le choix au lecteur de s’y attarder ou pas.
Comme toujours à l’ARDHAN, les photographies sont abondantes et généralement en regard du texte. Elles proviennent de fonds privés, ce qui en fait une surprise à presque chaque page, comme par exemple, les nombreuses photos d’origine allemande de Loire-Nieuport abattus en mai 1940. Pourtant, si elles sont intéressantes, toutes ne sont pourtant pas mises en valeur. Et le lecteur doit parfois s’armer d’une loupe pour identifier le sujet. Ainsi, à la page 53, un cliché de LN.401 dépasse tout juste la taille d’un timbre-poste.
La fin du livre est entièrement consacrée aux annexes. On y relève la filiation des escadrilles ayant constituée la 4F, ce qui est parfaitement nécessaire, même à ceux qui connaissent un peu l’Aéronautique navale, car les changements de noms ont été fréquents durant la période. Vient ensuite une liste des commandements et des stationnements, ce qui est tout aussi utile et pour les mêmes raisons. L’annexe C donne la liste complète des personnels morts au combat et en service aérien commandé. Les annexes D, E, F sont des dossiers extrêmement fouillées sur les appareils utilisés (Loire-Nieuport, Glenn-Martin 167, LeO 451). Les annexes G et H donnent l’ensemble des missions de guerre effectuées en mai-juin 1940 et durant la compagne de Syrie (1941), puis suivent le texte des douze citations obtenues.
Nous ferons une mention spéciale des profils couleurs de Pierre André Tilley, qui sont de toute beauté. Présentés en pages entières, ils sont bien mis en valeur, avec des agrandissements des insignes d’unité lorsqu’ils figurent.
Comme je l’ai moi-même entendu, la période retenue gêne bien des anciens qui ont connu la 4F durant des périodes postérieures, et qui auraient souhaité une histoire plus globale de « leur » flottille. Mais ce n’est justement pas le propos du livre, et c’est tant mieux, car il s’agit là d’un ouvrage de qualité sur un sujet vraiment original car trop peu étudié.
Ainsi, outre le lectorat classique des ouvrages de l’ARDHAN sur l’Aéronautique navale, cet ouvrage touchera également ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale hors des sentiers battus et rebattus.
Thierry Le Roy
304 pages, 21 x 29,7 cm
280 photographies noir & blanc, cahier couleur 16 pages
Relié cousu, couverture rigide
– Coup de cœur 2010 des aérobibliothécaires