Il y a (déjà ?) eu vingt ans au début de cette année… le 28 février 1991, le cessez-le feu résonnait au Koweït, après six mois d’une montée en pression intense, largement exploitée, et quelquefois amplifiée par les médias, 36 jours de pilonnage aérien, et une course de 100 heures dans le désert, réalisée par le plus grand déploiement de moyens militaires depuis la seconde guerre mondiale. Six mois, disions-nous… Le 2 août 1990, nous découvrions ébahis sur nos écrans de télévision un essaim d’hélicoptères irakiens sur Koweït City envahie. Le 10 août, le Clemenceau appareillait pour le Golfe Persique, emportant 600 hommes et leurs véhicules, dont une cinquantaine d’hélicoptères, en vue d’assurer la protection et éventuellement l’évacuation des résidents français concernés. L’opération Salamandre était en marche. Quatre jours plus tard, l’ONU votait l’embargo sur l’Irak, auquel la Marine Nationale allait participer avec l’opération Artimon. Le 30 septembre, la Force d’Action Rapide engageait son plus grand déploiement avec le départ pour l’Arabie Saoudite de 6000 hommes… Une montée en puissance qui s’inscrivait dans une coalition internationale, avec la mise progressive en ordre de bataille d’un titanesque ensemble de plus de 400 000 hommes.
Le film décrit surtout la mise en place de cet énorme dispositif que fut l’opération Daguet* : au moment de l’ordre d’engagement, trois fois plus que les effectifs en place en Afghanistan. La phase des combats y tient finalement peu de place, à juste titre si l’on considère la relativité du temps écoulé entre la phase de préparation, et les opérations elles-mêmes. De plus les moyens terrestres y sont de loin les plus représentés.
Cependant le DVD, qui s’adresse manifestement à un large public, reste dans une grande généralité ; ce n’est pas une analyse du conflit. Il est constitué uniquement d’images d’archives, parfois un peu disparates, et l’on pourra regretter un certain manque de détails ; entre autres que le film n’ait pas été abondé par un inventaire des unités qui ont participé aux opérations et que la manœuvre n’y fasse pas l’objet de plus de schémas synoptiques, jour par jour – il n’y en a aucun qui concerne les opérations aériennes – de manière à mieux comprendre, aussi précisément que possible, quelle a été l’action des troupes françaises.
Malgré ces manques parfois gênants, ce film présente l’intérêt de présenter des images dont certaines sont très peu connues voire inédites, et de rappeler l’existence, dans l’Histoire proche, de ce conflit très particulier qu’a été la première guerre du Golfe.
Philippe Boulay
– Durée du film : 50 min
– DVD vidéo / Dolby Digital / Pal 16:9 / Toutes zones/compatible stéréo
– Réalisateur : Erik Dollinger et Pierre Bayle
* L’opération Daguet, constituée de l’ensemble des moyens français déployés dans la guerre du Golfe, était commandée par le général de Corps d’Armée Michel Roquejeoffre. A ne pas confondre avec la « Division Daguet », qui était constituée de l’ensemble des moyens déployés par l’Armée de Terre, sous le commandement du général de brigade Jean-Charles Mouscardès puis de son adjoint le général de brigade Bernard Janvier.